On les avait vu naître aux coins de nos rues et dans nos quartier en tout début d’année 2018 : les Gilets jaunes, nos Gilets jaunes, qui assuraient la surveillance des quartiers ont peu à peu disparu de Kawéni. De là à dire que la Police s’est retrouvée orpheline, il n’y a qu’un pas que nous faisons avec le commissaire Philippe Jos : « Nous avons déploré la disparition des Gilets jaunes qui assuraient un vrai travail de proximité, et nous nous sommes interrogés sur la manière de renouer le contact avec la population. » Il faut dire que la délinquance avait pas mal baissé sur la zone du Grand Mamoudzou pendant un an, surtout dans la zone Police, « grâce à leur présence ».
Son adjoint, le commandant Demeusy a alors passé en revue les textes, et tombe sur un dispositif existant en métropole, « mais très peu utilisé, nous explique ce dernier, qui s’appelle les Citoyens volontaires. Basé sur un bénévolat contractualisé, ils suivent une formation chez nous, dont le contenu est inscrit dans une mallette pédagogique. » Le dispositif avait été lancé en métropole après les premiers attentats, il y a 5 ans.
Il s’agit donc de « puiser dans une réserve citoyenne », sur le même principe que les Gilets jaunes, « ils ont ouvert la voie ». Si ces derniers ont peu à peu déserté leur rôle, c’est que certains avaient espéré pouvoir obtenir la nationalité française en échange de leur bonne action. S’ouvrait alors l’espoir d’une filière de régularisation, que stoppait immédiatement le préfet Dominique Sorain en clarifiant la situation, « ceux qui sont en situation irrégulière seront reconduits s’ils sont interpellés ».
Une situation un peu bancale pour la force publique qui ne sera pas réitérée : « Ces volontaires citoyens sont français ou ont un titre de séjour », expliquera Philippe Jos.
Du jaune dans un paysage bleu lagon
Les 115 hommes et femmes présents ce mardi dans la cour du commissariat, assureront une présence aux abords des établissements scolaires, « et partout où est constatée une grosse concentration de population, grands magasins, rues piétonnes, etc. Il s’agit de rassurer les habitants, en se fondant dans le paysage. »
Des « maillots jaunes » qui n’ont pas pour vocation de se substituer aux policiers, « vous n’êtes pas des justiciers. Comme tout citoyen, vous ne serez autorisé à intervenir qu’en cas de crime ou de délit flagrants, pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’Officier de Police Judiciaire le plus proche, comme le prévoit l’article 73 du Code de Procédure pénale. » Lorsque les Gilets jaunes avaient apparu, le terme de « milice » avait fait florès, « ne prêtez pas le flan aux critiques ».
Le directeur de cabinet du préfet, Etienne Guillet, se réjouissait de cette évolution, « qui a commencé avec la réserve nationale, puis suivi avec les Services civiques pour se doter d’une réserve civile avec ces Citoyens Volontaires. » La zone du Grand Mamoudzou est partagée en six, il y a donc six chefs de secteur, qui devront rendre des rapports régulièrement, désignés par l’association Ouvoimoja Doujani qui gère le dispositif, comme celui des Gilets jaunes.
Boulot, dodo… et dispo
Certains d’entre eux ont été recrutés par les chefs de secteurs Gilets jaunes, beaucoup travaillent. Jeune maman, Ouniati a un CAP de petite enfance, « j’ai décidé d’intégrer le dispositif pendant mon congés de maternité ». Plusieurs femmes parmi les « maillots jaunes ». Kibala garde des enfants à domicile, « justement, j’ai vu comment certains commençaient à se comporter sur les routes, en agressant les automobilistes, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser faire ça. Nous allons commencer par surveiller les enfants qui vont à l’école, et continuer ensuite aux alentours des établissements scolaires. Nous faisons ça la journée, et les hommes se répartissent la nuit. »
Comme Kibala, c’est la délinquance croissante qui a incité Bamsa à s’engager dans les Volontaires citoyens : « J’ai vu des voitures caillassées, des vols à l’arrachée, notamment de portables, et beaucoup de violences. » Il travaille dans l’hygiène alimentaire, chez Sublimm. Il assurera la tranche de 20h à 22h chaque soir, « et les week-end, toute la nuit de vendredi à samedi. Je me reposerai le dimanche. » Il leur a été distribué 3 maillots chacun, et une tenue de pluie.
C’est Thierry Lizola, Responsable du Bureau Prévention Partenariat de la Police Nationale, qui va centraliser le dispositif du côté des forces de l’ordre : « Nous ferons le point dans un mois de ce premier dispositif de réserve civile dans un cadre institutionnel. »
Anne Perzo-Lafond
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