Le schéma d’aménagement régional (SAR) définit les stratégies de développement d’un département, tous domaines confondus. Huit ans après la départementalisation, Mayotte tente de rattraper son retard en lançant le sien. « Aujourd’hui nous avons peut-être la chance de repartir sur d’autres ambitions, pour le développement du département », plaide Salim Nahouda de la CGTMa. Il fait le vœu d’un « changement de mentalité sinon on continuera à faire des études et des études sans jamais en voir la concrétisation ».
Et c’est là toute la difficulté, faire que le programme devienne réel, au lieu de carboniser le budget de la collectivité en études qui restent dans les tiroirs.
« Des schémas, il y en a eu plein, déplore Nomani Ousseni, conseiller départemental de Sada en charge du projet. Ils sont restés dans les tiroirs parcequ’on a fait venir des bureaux d’étude pour faire Mayotte par thématique. On a eu des tentatives, des discussions. Maintenant c’est le moment, l’occasion nous est donnée de faire notre île. On a choisi une nouvelle approche par rapport au SAR. Nous, élus, sommes là pour donner le cap et manager le travail qui sera fait avec comme porte-plume le bureau d’étude. Protéger les makis, ça ne nous empêche pas de faire le port, l’aéroport, des Ehpad, des ponts… »
L’élu rappelle que le précédent plan d’aménagement (PADD) est caduc depuis la départementalisation. « Depuis il y a eu des tentatives, des délibérations ont été prises, mais il manquait l’implication des acteurs, techniciens, élus et population. Si ce n’est pas partagé, c’est compliqué à mettre en oeuvre. La nouvelle méthodologie c’est de rassembler tout le monde au préalable. A chaque collectivité de remonter ses idées pour que le cabinet d’études les couche sur le papier. »
Sébastien Ramora travaille pour le cabinet Les Ateliers UP+, en partenariat avec le cabinet Harrapa. Il confirme cette approche censée changer la donne à Mayotte et… qui semble être une évidence.
« Jusqu’à présent, les cabinets avaient une approche trop classique, trop scolaire, avec trop peu d’association avec les acteurs du territoire et, à la clé, une déconnexion entre le portage politique et le document stratégique. »
Autrement dit, les élus ne s’impliquaient pas assez, le cabinet faisait tout le boulot, et le résultat ne répondait pas aux besoins de Mayotte.
« Aujourd’hui on prend le contre-pied total. On est les chefs d’orchestre, pas les concepteurs. Le but est de faire s’exprimer les différents acteurs pour mettre en musique ces intentions. C’est en co-construction qu’on aura un projet porteur, pour tous et ancré dans les besoins de l’île. »
Les élus, techniciens mais aussi la population ont désormais un an pour présenter leurs priorités et une autre année sera nécessaire pour les faire valider par le conseil d’Etat. Pour les recueillir, l’idée a été avancée de proposer… des cahiers de doléances.
Y.D.