Mayotte n’est pas une découverte pour le général de Ladoucette qui a assisté à la passation de commandement en juillet dernier entre le colonel Bonte et le colonel Frédéric Jardin. Ce dernier prenait les rênes du Régiment de Service Militaire Adapté (RSMA) de Mayotte. « Je passe dans tous les SMA de France pour vérifier si leurs résultats sont conformes à nos objectifs. Et si ce n’est pas le cas, je prends note des difficultés pour mettre tout en œuvre depuis Paris pour les résoudre. »
Les 7 régiments couvrant les 5 DOM, ainsi que la Polynésie et la Nouvelle Calédonie, auquel il faut rajouter le détachement de Périgueux, permettent de former 6.000 recrues chaque année. Et de les insérer. Car s’il s’agit d’une formation de haut vol dont le moindre organisme de formation envie les moyens, les résultats sont là, et particulièrement à Mayotte qui fait office de bon élève : « Nous enregistrons ici un taux d’insertion de 88%, et de 63% en CDD de plus de 6 mois ou en CDI. Un très bon résultat au regard de la moyenne nationale de 82% d’insertion, et 54% en insertion durable. »
Un résultat qu’il explique par « un parcours plus sécurisé à Mayotte, avec un réseau de partenaires qui connaissent le RSMA et qui ont confiance ». Et pourtant, les jeunes sont particulièrement touchés par l’illettrisme ici, un phénomène qui ne s’arrange pas : « Nous avons détecté 53% de jeunes en 2018, contre 47% l’année précédente. » Un travail intensif va être mené en collaboration avec le vice-rectorat, « les trois enseignants mis à disposition vont être mobilisés sur les cas les plus difficiles, nous allons devoir différencier les besoins ».
Pianoter n’est pas travailler
Mais son cheval de bataille sur chacun des territoires, c’est la formation au numérique : « Si 7 à 8% de jeunes sont illettrés en France, il y en a deux fois plus qui souffrent d’illectronisme. Ce n’est pas parce qu’on voit les jeunes pianoter sur leur portable qu’ils vont savoir remplir un formulaire d’allocations familiales ou de recherche d’emploi. Une formation au numérique va donc intégrer chaque filière. » Un dispositif est testé dans 3 régiments pour toucher ces isolés de l’internet, avec une généralisation ensuite à l’ensemble des régiments. « Des tablettes sont déjà mises à disposition pour passer le code de la route ».
L’actu nationale du mois, c’est le renforcement du partenariat opérationnel avec Pôle emploi, qui permettra là encore d’intégrer les services numériques de l’agence, et une coordination plus poussée pour les jeunes en difficulté d’insertion : « Cela se traduira par des vacations de personnels de Pôle emploi dans l’accompagnement de projets professionnels et de suivi dans le temps. »
Jusqu’à présent, une des forces du SMA, outre la rigueur et la droiture inculquées aux jeunes pendant 12 mois, c’était le suivi à 6 mois après l’insertion, « mais c’est insuffisant, nous souhaitons le porter à 2 ans. »
En 2018, 670 volontaires sont passés par Combani, « nous ne pouvons en prendre plus au regard de nos capacités d’accueil », qui se sont considérablement accrues ces dernières années, et ce n’est sans doute pas fini.
Lors d’un cocktail qui ponctuait sa visite d’une semaine, le général Thierry de Ladoucette a pu rencontrer les partenaires du RSMA de Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
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