Le lancement jeudi du Grand Débat à Mamoudzou par la préfecture était une occasion en or pour le Cesem, de mettre en avant quelques constats et recommandations.
Ayant « pour vocation de conseiller les pouvoirs publics dans l’ensemble des domaines économiques et sociaux », le Cesem n’a pas de pouvoir décisionnel, mais sa voix peut porter haut. Dans sa « contribution », le Conseil dresse le bilan d’une année 2018 « difficile » portée par des mouvements sociaux » exceptionnels par l’ampleur de la mobilisation, leur durée
et leur impact sur le plan économique, social, scolaire et environnemental. Aucun secteur n’a été épargné. »
« Au-delà des questions d’immigration qui ébranlent les équilibres sociaux et territoriaux qui minent l’image du Département, ces mouvements sociaux expriment l’exaspération d’une population fortement bousculée dans ses certitudes de vie paisible » écrit le Cesem.
Ce dernier s’attarde sur trois grands domaines, l’éducation, la santé et l’immigration.
» La pression démographique jamais observée ailleurs, résultat d’une immigration non maîtrisée, a en effet fortement perturbé les équilibres socio-économiques, culturels, sociétaux, environnementaux et aujourd’hui les ressources du territoire. L’insécurité, l’accès aux services publics et particulièrement, l’école, la santé, les prestations sociales, la protection de l’environnement et la biodiversité, la maîtrise de l’urbanisme sont devenus des préoccupations majeures appelant des réponses d’envergure, en raison de l’ampleur des phénomènes observés ».
Pour y remédier, le Cesem appelle à « la concrétisation de la promesse républicaine et européenne » et propose plusieurs pistes.
Pour l’école, » L’Etat doit enfin s’engager à :
• investir massivement dans les équipements
éducatifs et socio-éducatifs ;
• recruter des enseignants qualifiés avec un encadrement de qualité ;
• mettre tous les moyens nécessaires afin que les
élèves soient disposés à apprendre dans les meilleures conditions et donc nourris et reposés. »
Pour la santé, il réclame entre autres :
• L’extension à Mayotte du code de la santé publique, du code de la sécurité sociale ainsi que le celui de l’action sociale et des familles,
• Une permanence de soins des patients assurés sociaux de Mayotte par l’instauration d’un passeport mobilité santé,
• Le renforcement des moyens humains et financiers de la future Agence Régionale de Santé Mayotte et du Centre Hospitalier.
• L’abandon du mode de financement particulier de la santé et la mise en place de la tarification à l’acte.
• Un calendrier d’alignement à court échéance des prestations sociales (maladie, famille et retraite) sur celles de la métropole pour mettre fin aux discriminations et lutter contre la vie chère.
Enfin, « En matière de protection des frontières, prérogative de l’Etat par excellence », le Cesem en appelle à l’Europe. « Le territoire demande de manière itérative que la France sollicite l’appui du Frontex pour la surveillance du lagon de Mayotte. En effet, de
considérables moyens matériels, financiers et humains indispensables doivent être mis en œuvre immédiatement tant en matière d’interdiction de pénétrer sur le territoire français de Mayotte que dans le cadre de la reconduite à la frontière des étrangers illégaux. »
La contribution du Cesem au Grand Débat est à retrouver ci-contre :
Contribution Césem_GDN
Y.D.