L’exploitation Kanga Maoré à Combani, ne s’attendait pas à recevoir tant de monde ce mercredi. La BGE avait choisi ce site pour y tenir sa journée consacrée aux agriculteurs, et aux aides. Un thème porteur dans un territoire rural comme Mayotte, mais qui souffre d’une perte de goût pour les métiers de la terre. D’où l’intérêt d’aider ceux qui se lancent encore.
« La semaine des BGE est un événement national, explique Sitina Malidi, organisatrice de l’événement et responsable du pôle ingénierie de la BGE Mayotte. Ici, on a choisi la thématique de l’agriculture. Il y a deux ans, c’était l’artisanat. »
Alors pourquoi le secteur agricole est-il ainsi mis à l’honneur cette année ? « On vient de lancer le pôle agricole de la BGE », poursuit la responsable. L’enjeu de cette rencontre était de « permettre aux agriculteurs de témoigner de leur expérience au quotidien et des difficultés de financement, en présence d’experts et d’élus ».
La plupart des difficultés évoquées concernent le foncier, mais aussi les difficultés à « obtenir des fonds européens, d’où la nécessité de les accompagner ».
C’est la raison pour laquelle le site de Kanga Maoré a été choisi pour organiser la rencontre.
« On a choisi cette exploitation car depuis 2007 (date de création de l’exploitation), on connaît tout son parcours. Elle a pu se développer et prétendre à toutes les aides, c’est un exemple auquel les autres doivent se référer. »
En effet, la présentation faite de l’exploitation par ses gérants fait figure de modèle. Avec 6 employés, le site produit 3000 salades par semaine mais on y trouve aussi des poivrons, moutons et volailles. Le tout sur 4 hectares de terrain loué au Département. Le succès de l’entreprise lui a donné les reins assez solides pour créer avec la Coopadem une union de coopératives qui « rassemble les agriculteurs et les éleveurs » et prochainement un site de vente pour les cuisines collectives. Un projet de production de chocolat made in Mayotte est même dans les tiroirs. Le fruit de beaucoup de travail, mais pas que. « Notre exploitation a été particulièrement accompagnée et soutenue » explique Valérie Ferrier qui salue notamment la BGE, le Département et d’autres organismes.
Ibrahim Isaac a lui aussi bénéficié d’aides, notamment de l’UE dont il salue l’utilité. « Fils et petit fils d’agriculteurs, j’étais photographe de profession. J’ai décidé de quitter mon confort pour retrouver la boue et la chaleur. Ca fait du bien de toucher la terre. Car sans agriculteur, le boulanger ne peut pas travailler, le cuisiner n’a rien à préparer et la population ne peut pas se nourrir ».
Autant de témoignages qui visaient à encourager les travailleurs de la terre à affronter la paperasse qui précède toute obtention d’aide.
« Les Mahorais ont un savoir-faire agricole, mais ils ont besoin d’être accompagnés » conclut Sitina Malidi.
Y.D.