La nature a repris ses droits. Après avoir été un site d’élevage de chèvres, puis une léproserie de 1936 à 1955. Après avoir été un site agricole de 1966 à 1991. Après avoir failli devenir une vaste carrière de pierre volcanique, l’îlot M’Bouzi est désormais presque impraticable à pieds. Des espèces endémiques y retrouvent un équilibre, de même que les dizaines de makis implantés en 1997 par l’association Terre d’Asile, et que les Naturalistes ont cessé de nourrir depuis qu’ils ont la gestion du parc naturel.
Un parc qui, en quelques années, a suivi un chemin inespéré.
« Cet îlot a fait l’objet de nombreuses prospections botaniques, explique le chercheur Vincent Boulet. Les découvertes ont motivé d’autres études, dont une poussée en 2008. Depuis, la réserve s’est mise en place. En 2017, on a réalisé une étude pour revoir la typologie de la végétation de l’îlot et en faire la cartographie. »
Les résultats ont enthousiasmé le chercheur.
D’abord en raison d’un écosystème inconnu jusqu’alors. « M’Bouzi ne peut être relié ni à Petite Terre, ni à Grande Terre, c’est un monde à part, avec sa propre logique en termes de biodiversité ». Sur le plan géologique, le caillou de 153 mètres d’altitude évoque « Grande Terre en miniature ». Présentant des sols d’origines volcaniques diverses, on y retrouve aussi bien des scories issues d’éruptions explosives que des coulées de basalt compactes. A l’est y pousse « une forêt sèche qui rappelle celle de la pointe Mahabout » et à l’ouest, à l’abri des vents, « une ambiance sub-humide similaire à Sohoa ».
Alors qu’en 1949, la toute première photo aérienne de l’îlot M’Bouzi montrait « des cultures quasiment partout » en raison des villages de lépreux qui y étaient installés par l’administration coloniale, le site montre aujourd’hui « une étonnante biodiversité ». L’île s’est reboisée « très vite » après le départ de l’Homme et on y trouve désormais « des espèces indigènes voire endémiques de Mayotte. L’îlot se restaure de manière presque entièrement naturelle et spontanée » salue le scientifique qui évoque un « destin de nature sans équivalent connu » et « un cas d’école exemplaire ».
Seule intervention humaine, des relevés scientifiques, et des actions de dératisation « limitées aux zones sensibles », c’est à dire les sites où pousse une vanille endémique, et ceux où nichent les paille-en-queues.
Le botaniste détaillera les résultats de ses travaux lundi 8 avril à 18 heures à la Croisette à Mamoudzou. L’entrée sera gratuite.
Y.D.
Il faut étendre les mêmes recherches sur toute l île et classer les forêts dans la même catégorie . Les taudis et les constructeurs anarchiques font mal à ce beau territoire
ils ont trouvé de la lessive?