A Mayotte, le Grand débat National a été suivi comme ailleurs. Des « dizaines de millions de mots », des « dizaines de milliers d’idées », rapportées par le premier ministre dans son discours de clôture du Grand débat ce lundi 8 avril. Un « temps du Grand débat nécessaire », durant lequel « on a donné la parole aux français » qui « ont réfléchi à l’avenir de leur pays ». Un moment pendant le lequel les politiques « ont reconquis les espaces publics au cours de débats apaisés (…) plutôt que de s’insulter ailleurs », avant de renouveler des remerciements appuyés à l’endroit des maires de France. Une petite pique à l’adresse des échanges parfois virulents sur les réseaux sociaux, qui fera d’ailleurs réagir violemment une personne dans le public.
La restitution qui s’était déroulé en matinée, faisait apparaître « un immense besoin de justice et d’équité », au travers de 4 grands axes.
Le premier porte une « immense exaspération fiscale », traduite notamment par la taxe carbone. « Mais beaucoup ont compris qu’on ne peut pas baisser les impôts sans baisser la dépense publique », une phrase clé qui va d’ailleurs conditionner le financement de l’ensemble des points
En numéro 2, on trouve l’« exigences de fraternité », symbolisée par le mécontentement des zones rurales face à la fermeture des services publics, écoles, hôpitaux, etc. On y trouve aussi la désapprobation face à une numérisation à tout crin dont on peut se réjouir quand elle accélère les procédures administratives ou quand elle relie les zones éloignées, mais qui en laisse beaucoup sur le carreau, en particulier les personnes âgées. « D’avantage de contacts », donc, « et pas seulement numériques ». Les français demandent également moins de normes, et d’avantage de solutions qui collent au terrain.
La réconciliation manquée
Le 3ème axe portant sur l’« exigence démocratique », Edouard Philippe rapportait les propos d’Emmanuel Macron : « On n’est pas parvenu à réconcilier les Français avec ceux qui les dirigent ». Le premier ministre relevait sur ce chapitre des « mots très durs, très violents contre le gouvernement, et les fonctionnaires » dans les contributions. Il en profitait pour aborder la mesure qui a fait monter la moutarde au nez des français au point d’en faire des Gilets jaunes, son passage aux 80km/h. Il disait tout ce que la réglementation avait de sécuritaire, « mais la bonne foi ne suffit pas (…) je dois apprendre à composer avec l’incompréhension ». Toujours sur l’administration, les Français se demandent « qui fait quoi dans le millefeuille actuel ».
La dernière exigence porte sur l’Urgence climatique, avec un constat positif pour lui, « contrairement à d’autres pays, les Français ne sont pas climato sceptiques ».
Quatre orientations qui « font consensus chez les contributeurs ». « Elles sont claires mais cela ne veut pas dire facile à atteindre ».
Tirer de tout cela un compromis démocratique, avec les grandes orientations données par le président de la République, et que devront mettre en musique les élus, nationaux et locaux.
« Les Français ont besoin d’un changement radical », analysait le chef du gouvernement, et même si on ne sait pas trop quel biais sera pris pour financer les réformes fiscales, il s’agit pour trois points sur quatre, de remettre de l’humanité dans la machine administrative.
Anne Perzo-Lafond
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