Mayotte, « ballon d’essai de la précarité » de la fonction publique, dénoncent les syndicats

Pour une rare union sacrée, les fruits récoltés à Mayotte sont maigres avec un petit rassemblement place de la République à Mamoudzou contre la réforme de la fonction publique.

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Les syndicats ne peuvent que dénoncer une "fonction publique privatisable"

Les mobilisations nationales sont traditionnellement moins suivies à Mayotte, celle qui s’oppose à la réforme de la fonction publique ne déroge pas. Environ 200 manifestants étaient rassemblés place de la République à l’appel d’une intersyndicale ratissant large, puisque toutes les centrales nationales étaient unies, CGT, CFTC, CFE-CGC, CFDT, FO, FSU, Solidaires, et UNSA. Ce sont surtout les enseignants qui se sont mobilisés, qui a l’image de Henri Nouri, SNES-FSU ou de Quentin Sédes, CGT Educ’action, dénonçaient « une remise en cause de décennies d’acquis sociaux ».

« On veut caporaliser toute la fonction publique », dénonçait ce dernier, en référence à la surveillance accrue sur les profs et le personnel, « un chef de service peut exclure un fonctionnaire pendant 3 jours sans consultation de la commission administrative paritaire », reprochaient-ils.

L’ensemble des corps présents dénonçaient une « fonction publique privatisable, à l’image de nos grandes entreprises publiques », comme Air France, les sociétés d’autoroute, EDF, Aéroports de Paris, etc.

Privatisation en cours de certains services

Des gilets jaunes de la fonction publique affichaient leurs revendications

La tendance affichée par le gouvernement est à la fois d’être plus exigeant sur l’obligation de résultat du service public, tout en faisant des économies avec un volume de personnel flexible. En annonçant la suppression de postes dans la fonction publique, pour les remplacer par des contractuels, « surtout des contractuels précaires, sans garanties sur leurs parcours professionnels », indexent les syndicats. Les enseignants redoutent « une mobilité forcée », et une incitation aux ruptures conventionnelles « pour virer la personne sans licenciement ».

Pour Solidaires, Mayotte a été un « ballon d’essai de la précarité » sur ce thème des recours aux contractuels, « qui restent une variable d’ajustement », « nous demandons la titularisation de tous ».

Dans l’Education nationale comme dans les autres corps, les syndicats observent une « privatisation de certains services » : « Dans les écoles, on contractualise désormais avec des sociétés de nettoyage privées ». Quant à la Direction des Finances publiques (DRFIP), deux tendances sont dénoncées : « Mi-mars, Darmanin a écrit aux ordonnateurs des dépenses pour leur proposer une incitation financière à créer leur propre agence comptable. Et les comptabilités publiques des collectivités seront intégrées dans leurs propres services, avec le risque de collusion d’intérêt inhérent. »

L’intersyndicale était reçue à 11h30 en préfecture.

Anne Perzo-Lafond

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