Cette fois, Cyrille Civetta change de braquet, en troquant son semi-rigide de 10 ans contre un catamaran flambant neuf. Et pas n’importe lequel : un Lagoon 450 S.
Sans vouloir concurrencer les magazines spécialisés et passer en revue ses capacités nautiques, notons quand même que le catamaran de 45 pieds, 14m, est le best seller de la gamme Lagoon des chantiers du même nom, avec prés de 1000 exemplaires vendus. Il avançait sa haute silhouette dans le lagon ce vendredi matin, et à peine amarré au ponton plaisance de Mamoudzou, famille et amis prenaient d’assaut le cockpit, pour embrasser ceux qui l’ont convoyé depuis les Sables d’Olonne (Vendée).
Un voyage de 73 jours de mer, débuté le jour de Noël, le 25 décembre dernier. En plus du propriétaire, il y avait à bord Raphaël Lambot, un skipper professionnel, et un ami, Thibault Simonin. La première traversée a permis de « dégolfer », c’est à dire traverser d’une traite et sortir du Golfe de Gascogne, « avec un météo excellente », qui les a amené à Lisbonne, au Portugal. Là, changement d’équipage, et c’est Laurent Hahn et Marianne Gasquet, Terre des Indes, qui ont embarqué, pour rallier les Canaries puis le Cap Vert. « Là, nous nous sommes lancés dans une transat vers le Brésil, une traversée de 19 jours. »
Ils feront la moitié du voyage à la voile, sous pilote automatique, mais ce dernier donne des signes de faiblesse et doit être remplacé. Car il s’agit de retraverser l’Atlantique vers l’Afrique et les quarantièmes rugissants, zone réputée pour être balayée par des vents forts, « on a été chahutés en Atlantique, lâche sobrement Cyrille Civetta, heureusement que nous étions 4 à bord à prendre les quarts ». Des quarts de 3 heures la nuit qui permettent de surveiller le plan d’eau à tour de rôle.
Un flan coco par mer agitée
Escale à Cape Town, « impossible d’y remplir notre bouteille de gaz », puis Richards Bay en Afrique du sud, « en collant bien à la côte », avec deux nouveaux équipiers Gavin Mc Léod et Hévin. Les 8 jours passés dans le canal du Mozambique les amèneront jusqu’aux Eparses, Europa et Juan de Nova. Puis arrivée à Mayotte sans casse ce vendredi 10 mai. « Que des bons souvenirs, c’est mon plus beau souvenir de vacances », témoigne Marianne Gasquet, qui garde en mémoire cette otarie aperçue alors qu’elle cuisinait. Un rôle où elle a apparemment déployé ses talents, « en pleine houle, elle nous a fait un flan coco ! », rapporte admiratif Cyrille Civetta.
Maintenant, il faut dédouaner l’engin, et remplir les procédures administratives, « ensuite nous serons opérationnels ! » Avec des idées plein la tête.
D’abord, Cyrille va reprendre son programme Planète bleue, grâce notamment à son label HQWW®, High Quality Whale Watching, d’observation des mammifères marins : « Nous continuerons à proposer des sorties à la journée, qui pourront être couplées ou non à des plongées sous-marines, avec nos deux compresseurs, et un prof de plongée embarqué. » Des sorties qui grignoteront aussi sur la nuit, « avec un tour possible de l’ensemble des spots de plongée de Mayotte en deux jours et une nuit ». Elles pourront s’étaler sur 8 jours, « j’envisage même de faire une sortie nuit des étoiles, avec un pro à bord ». Et bien sûr les incomparables apéros coucher de soleil sur les îlots de sable blanc. Il réfléchit aussi à des programmes découverte pour les scolaires. Ça, c’est un pan du programme.
Fonctionnel à l’intérieur et à l’extérieur
Car s’il a voulu changer de gamme, c’est pour élargir le champ des possibles, reprenant en partie la trace de Jacky et son Manga Be : « J’envisage des charters vers le banc du Geyser, ou vers les îles voisines, les Comores, Madagascar, là ça dépendra des autorisations que j’obtiendrai. » Il voit aussi plus loin, « vers les îles Eparses ou les Seychelles. Il faut se décider à coller à la volonté de relier les îles Vanille ». Un concept qui correspond au catamaran, avec pas ou peu de gîte, et surtout, sur cette unité, une clarté et un espace que les « anciens » n’ont pas. Outre un carré lumineux, il possède deux cabines doubles à bâbord, avec sanitaires, et une suite du propriétaire à tribord.
Pour la navigation à la voile, grand-voile et génois sur enrouleur évidemment, mais aussi un spi et un gennaker.
Pour financer ce bijou de 700.000 euros, il a bénéficié de 340.000 euros de fonds européen FEDER, 120.000 euros de défiscalisation, « le reste est financé par ma société. » Il sera basé à Dzoudzi, au corps mort, « mais je compte aussi descendre souvent dans le sud, à la base d’Hagnoundrou où j’étais basé. Il faut refaire vivre le sud qui a beaucoup perdu à cause des coupeurs de route ». On pense à la base nautique de Mtsangabeach, à la baie des Tortues, au restaurant Ochocho, à la base ULM de Dapani…
Un autre Lagoon 450 S a été convoyé en même temps pour un autre opérateur de Mayotte. Il devrait arriver dans les jours qui viennent.
On ne connaît pas encore les prix des prestations à découvrir prochainement sur le site, mais l’offre se diversifie donc pour découvrir ou peaufiner la faune et la flore du magnifique lagon de Mayotte. Une bonne nouvelle pour le tourisme.
Anne Perzo-Lafond