Dès vendredi, les langues se déliaient du côté du personnel de l’Education nationale, chez les syndicats pour expliquer le départ précipité du vice-recteur. Sont avancés des frais d’hôtel, la demande d’un bateau, déjà sorti dans la presse locale, et d’une piscine. Les premiers auraient du être momentanés, apprend-on, liés à des problèmes de travaux dans la maison allouée au vice-recteur, que lui et sa femme auraient très brièvement habitée, mais qu’ils jugeaient dangereuse en raison de fissures provoquées par les séismes.
Un contexte sismique qui n’empêche cependant pas plusieurs établissements scolaires de continuer à fonctionner, malgré des classes aux plafonds étayés… Le couple logeait donc depuis plusieurs mois à l’hôtel Caribou, impliquant des frais de bouche importants, malgré les insuffisants moyens de l’Education nationale à Mayotte au regard des besoins.
L’achat d’un bateau pour le vice-rectorat, qui en se grandissant rectorat ne dépendra plus de la préfecture et de ses moyens nautiques, se défend moins que pour le préfet, amené à faire le yoyo entre les deux locaux des préfectures de Petite à Grande Terre.
Quant à son entourage, la difficulté de s’adapter à Mayotte est évoquée, expliquant un départ précipité qu’il justifie « pour raisons familiales ». Le couple n’était d’ailleurs pas rentré à Mayotte depuis le cyclone Kenneth.
Not « at the right place »
Mais surtout, ce départ intervient quelques semaines après qu’une mission de l’inspection générale du ministère soit descendue à Mayotte le 26 mars dernier, qui aurait noté de nombreux « dysfonctionnements », notamment en matière de dépenses. Son départ relèverait donc d’une procédure administrative, et non pas d’une décision personnelle de démissionner.
Il ne s’est jamais caché de ne pas être un grand communiquant, et n’a en effet organisé aucune conférence de presse même sur les informations essentielles, comme les données chiffrées de la dernière rentrée scolaire. En souhaitant préserver leur anonymat, des dirigeants d’établissements expliquent avoir « apprécié l’homme », quand d’autres se plaignent d’un vice-rectorat amorphe, « il n’y a pas de réactivité administrative ».
A 7 mois de la ligne d’arrivée, le « presque recteur » n’aura donc pas pu transformer sa « presque citrouille » en carrosse, alors que les enjeux de cette évolution sont importants pour Mayotte. Le passage en rectorat reste toujours soumis, rappelons-le, à l’approbation parlementaire de la loi Blanquer de « l’Ecole de la confiance », qui le porte.
On se souvient de la difficulté de trouver un successeur à Nathalie Costantini, il va falloir de nouveau dénicher celui ou celle qui aura les épaules de la tâche, et qui ait donc déjà exercé en tant que recteur.
Anne Perzo-Lafond