Nicolas Otero :  » Cette histoire de colonialisme, de racisme, ça parle à Mayotte »

Le dessinateur Nicolas Otero, qui compte 23 bandes dessinées à son actif, est à Mayotte pour deux semaines. Il va de collège en collège pour partager sa passion et se "nourrit de l'énergie" des élèves.

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Morts par la France raconte le meurtre de tirailleurs sénégalais par l'armée coloniale française

Nicolas Otero, qu’est ce qui vous amène pour deux semaines à Mayotte ?

J’ai reçu un mail de la maison d’édition de Mort par la France -une BD reportage sur les tirailleurs sénégalais NDLR- qui m’informait que la BD était sélectionnée pour BDZ’Îles, c’était l’occasion de venir découvrir l’île.

La Tuerie, un thriller qui se passe dans un abattoir

Vous êtes arrivé il y a une semaine, quelles ont été vos premières impressions ?

La première impression… J’ai eu très chaud ! Depuis j’en prends plein les yeux : la lumière, la beauté de l’île, le sourire des gens. Avec les jeunes, on sent qu’il y a beaucoup de besoins. Je suis là pour leur faire découvrir mon métier mais je me nourris aussi de leur énergie. A chaque fin de rencontre, je vois des sourires, de la fierté de ce qu’ils ont fait. Pourtant, 40 minutes avant, beaucoup disent qu’ils ne savent pas dessiner. En métropole à l’inverse, ils ont plus peur, ils râlent et lâchent l’affaire un peu plus vite. Cette première semaine s’est très bien passée.

C’est quoi le secret pour apprendre à dessiner en 40 minutes ?

[rire] C’est un petit secret du métier ! Je leur dis déjà d’avoir confiance en eux. En classe on fait tous la même forme, et au final il n’y a pas deux dessins identiques. Les élèves rient beaucoup car parfois la tête du dessin du voisin a une drôle de forme, l’autre a des bras très longs. Il n’y a pas de dessin raté, mais des dessins uniques !

Les différents titres peuvent être retrouvés à La Bouquinerie de Passamaïnty ou à la Maison des Livres de Mamoudzou

Entre western, récit historique ou autobiographique, pour adultes ou pour enfants, les histoires et le style de vos BD varient énormément, comment l’expliquer ?

J’ai une philosophie, je suis un raconteur d’histoires. Je me mets au service du récit que j’ai à illustrer. Je ne me rends pas compte que mon style évolue, j’ai l’impression de toujours dessiner de la même manière. Mais pour une histoire dure, le trait est dur. Un récit pour enfants, il sera plus doux.

Quelles sont de vos BD celles qui vous ont le plus marqué ?

D’abord Confessions d’un Enragé, c’est l’histoire d’un enfant attaqué par un chien enragé. C’est ce qui m’est arrivé. On y trouve la rage comme métaphore, ainsi que comme maladie. Le 2e c’est Mort par la France. J’ai eu la chance d’aller au Sénégal avec mon scénariste. Cette histoire est, on peut le dire je crois, un gros mensonge d’état. Voir les lieux, rencontrer les gens, ça a pris un vrai sens pour moi. C’était assez intense.

La Réseau Papillon est un récit de jeunesse, qui raconte comment des enfants montent un réseau de résistance face aux Allemands. Le clin d’oeil à Mort par la France est flagrant

Les élèves ici connaissent votre travail ? Quelles sont les titres qui leur parlent le plus ?

A Mayotte je ne pense pas qu’ils connaissaient mon travail avant. Les lycéens se sentent concernés par Mort par la France, cette histoire de colonialisme, de racisme, ça parle à Mayotte.

Vous souhaitez dire quelque -chose aux Mahorais ?

Oui, quand est-ce qu’on se revoit ?! Revenir n’est pas exclu.

Propos recueillis par Y.D.

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