Lorsque le dispositif a été mis en place sur l’idée du capitaine Chamassi qui voyait dans ces comités de citoyens une surveillance de proximité des quartiers, certains ont craint de voir apparaître des milices, puis se sont vite rendus à l’évidence, le calme était revenu sur les zones où ils étaient déployés. Initialement implantés comme « gilets jaunes », puis structurés par le Bureau Partenariat prévention de la Police nationale en Citoyens volontaires, on les reconnaît à leurs tee-shirts jaunes, dit « Maillots jaunes ».
Mais depuis la semaine dernière, ils se sont mis en retrait. Alors qu’ils étaient en formation au Commissariat, ils ont été insultés par un policier qui a tenu des propos racistes. « Il nous a traité de ‘p…. d’Anjouanais’, et de ‘on n’a pas besoin de vous ici’ », nous rapporte Soilihi Mognédaho, la victime de ces insultes. Qui précise qu’il n’a rien répondu. Ils n’ont pas déposé plainte, « on nous a expliqué que ça pourrait être la fin du dispositif sinon ». Une tuile pour les acteurs en charge de la sécurité…
Une enquête administrative est lancée, ce que nous confirme Etienne Guillet, le directeur de cabinet du préfet, qui les a reçu ce lundi : « L’enquête menée pour les propos diffamants va être très rapide. Mais je veux surtout dire que personne, que ce soit à la Police nationale ou à la préfecture ne cautionne de telles insultes, c’est inadmissible ! » Il rappelle que le ministre Castaner a rencontré les Maillots jaunes justement « parce que nous sommes fiers du travail qu’ils fournissent. Il s’est même interrogé sur la possibilité de le mettre en place ailleurs. »
Sur leur droit de déposer plainte, il explique qu’il vaut mieux qu’ils attendent la fin de l’enquête administrative.
« Tous en situation régulière »
Un dispositif de surveillance citoyenne qui a montré « son efficacité », toujours selon Etienne Guillet, « et qui entre dans l’engagement de tous contre la délinquance ». On a vu que le nombre de délits sur le grand Mamoudzou et notamment Kawéni, avait chuté.
Et le sous-préfet est très clair sur la situation de ceux qui restent des bénévoles : « Ils sont tous en situation régulière. Soit de nationalité française, soit munis d’une carte de séjour depuis plus de 5 ans. »
On imagine que le fonctionnaire sera sanctionné, mais les Maillots jaunes veulent plus : « Nous ne pourrons plus le croiser dans les couloirs du commissariat, car on pense qu’il n’est pas le seul à penser comme ça, et qu’il pourrait aussi contaminer d’autres agents autour de lui. Et s’il y avait un nouveau dérapage, là, je ne réponds plus de rien, lâche Soilihi, il faudrait qu’il soit muté ailleurs, pourquoi pas à La Réunion.
Quant à la reprise de la surveillance qu’ils ont cessé depuis quelques jours, la décision a été prise ce mardi après-midi, lors d’une rencontre avec Thierry Lizola, en charge du Bureau Partenariat de la Police nationale. Il nous explique leur position: « Le commissaire leur ayant promis qu’une sanction exemplaire serait ordonnée contre le policier, ils ont décidé de reprendre leurs rondes dès lundi. Ils ont compris qu’un seul individu ne pouvait remettre en cause tout un dispositif. »
Anne Perzo-Lafond