Rendez-vous était donné aux médias dans le quartier des Hauts-Vallons ce mercredi, régulièrement pointé du doigt pour ses monceaux de déchets, sur le terre-plein derrière Jumbo score, et non loin de la Sodifram. STAR Mayotte se plaignait d’y intervenir pour dégager le tout venant, y compris les encombrants, quand sa tâche se limite à la collecte d’ordures ménagères. Ce mercredi, gros déploiement de moyens de la communauté d’agglomération Dembéni Mamoudzou, la CADEMA, pour évacuer les tas de déchets à côté de la station de lavage : la pelleteuse dégage une congélateur bahut, avant de s’attaquer à des cartons… qui auraient pu être jetés dans les bennes qui sont autant semi-enterrées que semi-vides.
Des déchets laissés là par les professionnels, nous avait expliqué Jean-Luc Delmas, Directeur de STAR Mayotte, qui regrettait l’absence de Contrats de destruction pourtant imposés par la loi. Signés entre les commerçants, artisans, et la mairie, elle permet de sécuriser l’enlèvement des gros volumes d’ordures. Hanafi Ben-Mohamed, Chargé de la prévention des déchets, de l’Information et de la sensibilisation à la CADEMA, est sur place, et se dit conscient du problème : « C’est en effet ce vers quoi il faut tendre. Mais déjà, nous allons commencer par mettre en place la Taxe des Ordures Ménagères, qui existe à Dembéni, mais pas à Mamoudzou. A travers ça, nous commencerons par capter les déchets ménagers des professionnels. » Mais pour les autres, aucune solution ne semble encore se dessiner.
Sur les 200 existants, la CADEMA intervient « tous les mercredis », sur les points de collecte « magnégné » qui affichent un mix informe de déchets en tout genre. « Aux Hauts Vallons, nous passons tous les 15 jours environ, mais dès le lendemain, les tas d’ordures se reforment. » Ce qui a incité la CADEMA à créer le mois dernier, une Brigade de lutte contre l’insalubrité.
« Ça râle lors des contrôles en rivière »
Timide pour l’instant, puisqu’elle n’est composée que de quatre agents, deux agents de surveillance de la voie publique, et deux agents de médiation. Et pour un chantier colossal : « Nous agissons sur la lutte contre l’insalubrité, sur les déchets, sur le déversement d’eaux usées, sur l’habitat indignes, etc. Tout ce qui est du domaine du respect des arrêtés municipaux, et bientôt communautaires, en matière de santé et d’espace public », nous expliquent-ils.
Ils ne peuvent pas encore délivrer de PV, « nous devons d’abord nous former et prêter serment ». Depuis, le 1er avril, ils ont commencé leur patrouille, par binôme, en sensibilisant les laveuses en rivières, les déposeurs d’ordures en ravines… « Ça râle à chaque fois que nous intervenons ! Et ils continuent, souvent sous nos yeux, notamment le lavage en rivière et sur les constructions informelles. Mais quand nous commencerons à sanctionner, là, ils vont comprendre. »
Leur équipe devrait recevoir le renfort de deux membres supplémentaires, « dont l’un sera dédié à la sensibilisation des professionnels », explique Hanafi Ben-Mohamed.
Meilleure discipline sur les bacs individuels
Il déroule l’action de la CADEMA : « Nous allons nous doter de nouveaux bacs semi-enterrés. Plus chers à l’achat, ils offrent 20 fois plus de capacité qu’un bac de 770 litres, et ne sont pas détériorés. Et la collecte est plus simple. »
Sur la zone des biquettes se régalant du dépôt à ciel ouvert devant la DEAL à Kawéni, la mise en place de bacs de collecte n’est pas au programme : « Nous avons même supprimé le précédent. Les particuliers vont tous avoir un bac individuel pour y déposer leurs déchets. Il y a plus de discipline autour des bacs individuels, qu’autour des collectifs. » Il est possible que des TriO métal, plastique, verre et carton, y fassent leur apparition.
La CADEMA prévoit de se doter de laveries, abritées dans des Algecos, « gérées par des ambassadeurs », et des nouvelles prestations de « pré-tri » seront mises en place sur les points de collecte, « d’ici 3 mois, et avec l’accompagnement des professionnels du secteur de l’Economie sociale et solidaire. Cela devrait faciliter la collecte. »
Une collecte qui devra être réorganisée entre les deux communes de la CADEMA, alors que deux opérateurs différents interviennent actuellement, le Syndicat intercommunal SIDEVAM 976 à Dembéni et STAR Mayotte sur le grand Mamoudzou.
Quant aux déchetteries qui permettraient aux particuliers de se débarrasser des encombrants dans des bacs dédiés, elles sont de la compétence du SIDEVAM, « qui ne les annonce pas avant 2025 ! » Alors qu’en quelques mois, la maire de Sada a mis le sien en place… Un marché sera lancé pour une mini déchetterie mobile, un concept qui est déjà dans les tuyaux de STAR Mayotte, qui n’a plus besoin de prouver son efficacité.
La CADEMA entame donc une lutte contre les incivilités autant que contre les déchets, espérant dans ce domaine encore, servir d’exemple pour le reste du territoire.
Anne Perzo-Lafond
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