Rock alternatif : « Loris and the Buskers » en première partie de La Fouine à Trévani

C’est l’histoire de quatre garçons. Dans le vent, c’est sûr, mais aussi dans la chaleur des nuits mahoraises qu’ils animent depuis une semaine. L’un d’entre eux n’est pas inconnu à Mayotte, puisque Loris Vallois avait déjà laissé exploser son talent en 2018, notamment, dans le groupe de papa, Siempré. Ses duos de guitare enflammés avec Mehdi, ont déjà envouté les petites scènes de Mayotte. Dépêchez-vous, il ne reste plus que deux dates…

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Le groupe a enflammé le Barakili mercredi dernier

C’est avec son propre groupe, « Loris and the Buskers » que le blond guitariste revient, et en force s’il vous plaît, avec des duos de guitares qui se sont rarement envolés aussi haut à Mayotte. Et pourtant, une seule année que ces quatre là sont ensemble, à se revendiquer « musiciens des rues/buskers », « parce que c’est là qu’on s’est connu ! » Ça, c’est Loris Vallois qui l’explique, et qui continue d’ailleurs tout au long de l’interview à ponctuer les réponses de ses potes, de « ha, oui, ça c’est bien, faut le dire ! », ou « bon, on va pas citer cette marque de guitare, elle craignait, non ?! ».

Il a gardé sa bouille d’ange aux yeux bleus, qui semble le faire hésiter entre l’enfance et le guitariste accompli qu’il est déjà à 21 ans. Ses textes qu’il compose en « guitare-voix », c’est à dire en jouant, sont un melting-pot de leur déjà riche aventure, avec le morceau phare, « Quartier latin », « viens nous retrouver au Quartier latin », fredonne-t-il à capela, le quartier où ils se sont rencontrés.

A côté de lui, Nath, pour Nathaniel Czmoch, 24 ans, est le bassiste du groupe. Il a commencé au saxo, à 10 ans, « parce que le HLM dans lequel j’habitais n’était pas compatible avec un piano. J’étais à l’école de musique, avec deux profs qui m’ont marqué, Bouvarel et Gilles, on peut les citer ? » Sa mère écoute Deep Purple, les Beatles, Led Zeppelin, de la techno, « j’ai adhéré ». Il garde tout ça en tête et se lance dans la guitare solo, intègre plusieurs groupes, puis découvre la basse. « Quand Mehdi me contacte pour les rejoindre, j’étais hyper heureux, j’avais liké des sons de leur groupe avant ! »

La haute stature de Mehdi Kaddouri, 21 ans, au regard plongeant, vous ne pourrez pas la louper. Alors qu’il avait déjà 16 ans, lors d’une sortie scolaire, il assiste à une reprise live de « Dark side of the moon », de Pink Floyd, c’est la révélation. « Ma famille m’offre ma première guitare acoustique, pas top, mais j’étais à fond dedans. Je loupais les cours pour jouer 8 heures par jour, comme un autiste ». « Oui, aussi t’as vu que c’était bien pour les meufs ! », lâche en rigolant un Loris bouillonnant. Celui que ses potes appelle aussi « el diablo loco » (le diable fou), crée un duo pendant un an et demi avec un musicien autiste atteint du syndrome d’Asperger. Puis, il bosse pour s’acheter sa première guitare électrique, joue dans le métro, « plutôt le style Jimmy Hendrix. » Il a tenté une fac de musicologie, puis philo, mais les répèt’ avec Loris le rattrapent, « en un an, nous avons fait 50 ou 80 dates de concert ».

« Un jeu de séduction musicale entre nous »

Mehdi, Jean, Loris (au centre) et Nath: une complicité rafraichissante entre les membres du groupe

Baguettes en main, caché autant par les guitares au premier plan, que par ses longues dreadlocks blondes, Jean Renaud, 18 ans, est le petit jeune du groupe. Il vient d’une famille de musiciens, batteurs de père en fils. Son premier groupe est d’ailleurs familial, « ‘Ganji and the electric sound’, qui existe toujours ». Pas mal, puisqu’il lui permet de rencontrer sur scène Rachid Taha, Calypso rose ou Grand corps malade. Autodidacte, il passe ensuite par l’école de musique, a eu lui aussi un prof dont il veut parler, « Simon Postel, mon prof de batterie et basse à Vignacourt ».

C’est Loris qui a cherché ses buskers, il y a un an et demi, en rentrant de Londres où il avait été programmé pendant 6 mois au « Jazz After Dark ». Il tombe sur Mehdi dans le métro, « on était impressionné l’un par l’autre »… à peine 19 ans chacun, et déjà une réputation, « c’était comme un jeu de séduction musicale », c’est toujours Loris qui met les mots pour le dire, ça les fait rire. Loris et Mehdi se rencontrent le mercredi et jouent ensemble le samedi suivant, « en totale impro, c’était du délire ! On a décidé de poursuivre ensemble. »

Au départ, ils montent les Buskers avec Yacine et Thomas, « mais ils ont eu des problèmes avec leurs copines »… Surtout avec la liste de leurs admiratrices grossissant avec le succès. Nath et Jean entrent dans le groupe, et ils jouent au Supersonic à Paris, et au Truskel. « Et on fait notre première fête de l’Huma. On grimpe les échelons, mais très très vite ! »

En première partie de la Fouine

Des morceaux proches de Jimmy Hendrix ou Nirvana

Leur musique, c’est du rock alternatif, parce qu’il intègre le psychédélique de Mehdi et de Nath, le côté britannique de Loris, et la tendance Noir désir et Shaka Ponk de Jean.

Ils ne vivent pas encore de leur talent, « dès que nous revenons de Mayotte, nous enregistrons notre premier disque », avec un soutien financier de la famille élargie, explique Loris. Il y aura quasiment autant de titres en anglais que français, « en anglais, j’écris en rimes, il y a moins de sens qu’en français où les mots ont un poids ». Les titres phare sont « Quartier latin », et « Pretty soldier », « celui-là je l’ai écrit en pensant à ma petite sœur, qui voulait grandir trop vite. »

Des morceaux qui ont mis le feu au Barak’ mercredi dernier, « notre meilleure date à Mayotte », en attendant celle de samedi 8 mai, au Trévani, qu’ils attendent impatiemment, juste avant le rappeur La Fouine, « c’est notre plus grosse première partie ! » A mentionner, mais nous y reviendrons, un gros dispositif sécuritaire mis sur pied par la gendarmerie pour l’occasion.

En attendant, ils vont échanger avec des jeunes en difficulté à Apprentis d’Auteuil, puis à la Maison des Ados, ce lundi, après un petit concert d’une heure, et interviendront au Centre pénitentiaire, « on veut parler de ce que la musique nous a apporté, soit un refuge par rapport à des situations familiales compliquées, soit en nous permettant de nous ouvrir aux autres. »

Leur dernière date, ce sera les Zartistes le 9 mai à Combani. A absorber sans modération, et pas seulement pour les solos joués avec les dents façon Jimmy Hendrix by Mehdi.

Anne Perzo-Lafond

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