C’est un sujet délicat, parfois tabou, mais néanmoins central. La protection des majeurs fait dès cette semaine l’objet d’une vaste campagne d’information. Objectif : mieux renseigner la population sur les dispositifs légaux, et les moyens d’accompagnement des familles aidantes. Qu’il s’agisse d’un aîné en difficulté, ou d’un jeune, handicapé mental ou physique ayant besoin d’aide, différentes mesures existent.
Pour resituer le contexte, la législation sur l’accompagnement des majeurs dépendants date seulement de 2016 à Mayotte, en application d’un décret de 2012 qui rend applicable le code de la famille sur le territoire. Au début, seules 150 procédures étaient ouvertes, sous la responsabilité du juge des tutelles, et avec l’aide de l’association TAMA, devenue Mlézi Maoré. Dès 2016, un premier schéma régional a été élaboré et court jusqu’en 2020. Au début, quelque 80% des majeurs protégés étaient des jeunes souffrant d’un handicap, et l’essentiel des aidants était de la famille.
Aujourd’hui, 500 mesures de protection sont ouvertes, et l’écart se ressert entre jeunes et aînés, vieillissement de la population oblige. Mais les besoins sont également revus à la hausse. « On a triplé les mesures, mais il faudrait encore les tripler » explique Patrick Bonfils, directeur de la Direction de la jeunesse des sports et de la cohésion sociale à Mayotte (DJSCS). Le nombre de personnes nécessitant une tutelle ou une curatelle est évalué entre 1000 et 1500, en incluant les mineurs handicapés, qui deviendront bientôt majeurs. Le nombre de médecins habilités est passé de 2 à 7 sur le territoire dans la même période. « C’est un sujet en pleine progression » salue Patrick Bonfils.
Le rôle clé des familles
Un autre constat de taille, « dans les 3/4 des cas, c’est à Mayotte la famille qui est désignée tutrice, contre seulement une fois sur deux en métropole, à Mayotte la famille est extrêmement présente, il faut s’en féliciter » complète Morgane Fargier, juge des tutelles au tribunal d’instance de Mamoudzou.
Quand ce n’est pas la famille qui s’occupe du majeur, « il y a aussi des mandataires judiciaires, comme l’UDAF et Mlézi, qui sont habilités » poursuit-elle. Dans ces deux associations, des mandataires sont locuteurs en français, shimaoré et kibushi. Des permanences existent aussi pour « rompre l’isolement » et fournir une information individualisée, dans les CCAS d’Acoua, Bandrélé, Kani-Keli, Pamandzi, Tsingoni-Miréréni et Dembéni, et aux locaux de Mlézi-Maoré, sis impasse des pompiers à Kawéni et de l’Udaf, cité de DOujani 2 à M’sapéré. Une permanence existe aussi au greffe détaché de Sada tous les 2e mercredis du mois.
Entre la volonté de faire monter en puissance ces dispositifs, et les cas « inextricables de familles qui ne savent pas qu’elles peuvent être accompagnées », il était apparu nécessaire de communiquer très largement sur ce sujet sensible.
« On espère que cette campagne aidera les familles à mieux accompagner les proches » souhaite Djihadi Enrafati, directrice de l’Union Départementale des Associations Familiales.
Les spots télévisés sont d’ores et déjà diffusés, notamment sur Mayotte la Première.
Y.D.