Port de Longoni : grand toilettage autour de la délégation de service public

Mayotte toilette à tour de bras ces temps-ci. Au port, décrassage des tarifs et coups de serpillère étaient indispensables, pour retrouver un fonctionnement normal. Les élus viennent d’adouber une mission allant dans ce sens. Un préalable vers un autre statut ? Seul l’avenir le dira…

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Recadrage du fonctionnement du port de Longoni

L’horizon semble s’éclaircir au port de Longoni, dont l’avenir restait soumis à un fort roulis. En 6 ans d’exercice de la gestion du port, les conflits n’ont cessé de solliciter les tribunaux, de première instance en appel, essentiellement entre la gestionnaire Mayotte Channel Gateway et le manutentionnaire SMART, qu’elle a contribué à mettre sur la touche. Mais aussi, avec le Département, qui a compétence sur le port. Ce dernier avait d’ailleurs déjà dès 2016 demandé l’assistance du gouvernement afin de résoudre ces conflits.

On se souvient que le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani avait interpellé le président de la République en février 2019 lors du Grand Débat à l’Elysée à ce sujet. Emmanuel Macron lui avait conseillé de laver son linge sale à Mayotte, avant de réclamer une main tendue à l’Etat, sous la forme d’un Grand Port maritime*, « nous ne pouvons pas être le liquidateur de tous les contentieux qui nous échappent », avait suggéré le président. C’est précisément ce qui a été engagé.

Ida Nel, la présidente de MCG, avait déjà déploré sur sa page Facebook de grandes manœuvres autour de la manutention. Avec un possible rapprochement de la compagnie maritime CMA CGM du groupe de distribution Sodifram, qui permettrait à la première d’exercer l’activité de manutention sur le port. Une fois la manutention remise dans les clous, que va-t-il advenir du port ?

Le président de la République qui devait venir faire des annonces à Mayotte en juin, a reporté son voyage en septembre-octobre. Si du nouveau est à attendre du côté de l’aéroport et sa lilliputienne piste, du côté de Longoni, certains attendent aussi.

Vers un « fonctionnement régulier de la DSP »

En 2015, les salariés de la SMART demandaient une révision de la DSP

Pour l’instant, ça travaille pour tout remettre d’équerre. Réunis en commission permanente le 29 mai dernier, les élus du département ont adopté une convention, signée entre leur président Soibahadine Ramadani et le préfet Dominique Sorain, de prise en charge financière des missions de François Marendet, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts. Mission que lui a confié le Conseil général de l’environnement et du développement durable. (Lire Convention préfet-pt CD)

L’objectif clairement défini est d’aboutir au « rétablissement d’un fonctionnement régulier de la délégation de service public du port de Mayotte ». Les trajets aériens de François Marendet seront pris en charge par le Département, et l’hébergement, par la préfecture.

En interprétant littéralement cette phrase, certains élus ont pensé qu’il s’agissait de s’éloigner de l’idée d’un Grand Port maritime, bien que souhaité par le président Soibahadine, et rapporté dans la proposition de loi écrite par le sénateur Thani Mohamed Soilihi.

Nous avons donc contacté la préfecture pour qu’elle nous décrypte le travail en cours. « Cette convention ne fait que formaliser le travail effectué par monsieur Marendet depuis plusieurs mois déjà. Il s’agit de remettre de l’ordre dans les grilles tarifaires, dans le règlement d’exploitation, etc. En gros, il s’agit de remettre à plat tout ce qui faisait l’objet de contentieux, et empêchait le port de fonctionner normalement. » Notamment dans l’optique du prochain conseil portuaire.

Une réponse à la demande présidentielle d’un retour à un fonctionnement normal en attendant toute décision ultérieure donc.

Anne Perzo-Lafond

* Établissement public de l’État chargé de la gestion d’un port maritime. Il y a 11 grands ports maritimes en France

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