Le PIB consolidé de 2015 livre les profils particuliers des secteurs public et privé à Mayotte

Pour bénéficier du plan de convergence pour le rattrapage des régions européennes en retard de développement, Mayotte doit avoir un PIB inférieur de 75% à la moyenne européenne. Celui de 2015 a été revu par l’INSEE pour respecter la procédure de « comptes économiques définitifs », employant pour la 1ère fois les normes communes aux autres DOM.

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Les bureaux de l'INSEE Mayotte

L’Institut Nationale des Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE) publie un vieux chiffre, le PIB 2015, mais le 1er réellement officiel puisqu’il est issu de comptes définitifs. Il est toujours d’actualité dans sa composition. Avec une analyse fine du comportement des administrations et des entreprises.

Sans surprise, la richesse du territoire donnée par le Produit Intérieur Brut (PIB), était à Mayotte quatre fois plus faible qu’en métropole, et deux fois plus faible que dans les autres DOM en 2015. Se montant à 2,1 milliards d’euros, soit, 8.000 euros par habitants, il accuse « prés de 60 ans de retard sur le national ».

Deux chiffres clé pour en comprendre la problématique : deux fois moins d’emplois à Mayotte qu’en métropole, « seulement 34 % des Mahorais de 15 à 64 ans ont un emploi en 2015 (64 % en France) », avec une productivité moindre « 46 500 euros par emploi, soit deux fois moins qu’en France », et une forte contribution des administrations publiques, « pour la moitié du PIB, soit trois fois plus qu’en France ». Donc, les secteurs d’activité à forte valeur ajoutée (industries, information-communication, finance et assurances…) sont peu développés à Mayotte, « ce qui explique en partie cette plus faible productivité ».

Un informel peu productif

Les entreprises mahoraises épargnent davantage

Autre point intéressant, le comportement des sociétés, marqué par le dégagement de fortes marges, 44% contre 32% en France, redirigées vers leur trésorerie et vers l’investissement. En effet, la part consacrée aux rémunérations est « plus faible qu’en France », puisque elle représente seulement 20 % de l’ensemble des revenus des ménages (Revenu disponible brut) contre 60 % en France. Le taux d’investissement des entreprises, 21%, étant comparable à celui de la France, 23%, il en découle donc que leur volume de trésorerie est plus important, « elles préfèrent conserver des montants plus élevés de trésorerie pour faire face par exemple à des imprévus (grève, accès difficile au crédit…) », explique l’INSEE. Le recours à l’emprunt est en effet moins développé.

En dehors des deux gros postes contributeurs au PIB que sont les administrations et les entreprises, les petits artisans participent aussi, à hauteur de 20%. A noter que l’économie informelle (5 fois plus importante que le formel), n’« enrichit » que 3% du PIB, « comme en France », ou l’informel est proportionnellement moins développé.

Le poids des prestations sociales ayant doublé en 10 ans (mais toujours 3 fois plus faible qu’en France), et la surrémunération des salaires étant passé à 40% dans le public, les ménages participent d’avantage à l’élévation du PIB.

Si les mahorais ont moins ou pas cotisés pour leurs retraites, le potentiel de croissance de la contribution des allocations sociales dépend toujours de leur convergence, « le montant des allocations familiales est de 20 à 70 % plus faible à Mayotte qu’en métropole, le niveau du RSA n’est que de 257 euros mensuel pour une personne seule à Mayotte (514 euros ailleurs). Enfin, les conditions d’accès à l’allocation de solidarité pour les personnes âgées, au RSA, aux allocations logements et chômage sont plus restrictives à Mayotte qu’ailleurs ».

L’INSEE publiera d’ici la fin de l’année, une estimation de PIB pour l’année 2017. (Lire Publication_v15)

Anne Perzo-Lafond

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