Si le 1er Multimono était sorti rapidement du chantier de Petite Terre, il a fallu 3 ans pour mettre le dernier coup de vernis à son frère jumeau. La bouteille de champagne s’est brisée net du premier coup ce lundi, révélant le nom de baptême « Bahari Titi », « Petite mer », sous l’impulsion de sa marraine, Edith Kissem Traoré, dite « Rokhaya », la responsable de l’Unité Educative d’Activité de jour (UEAJ).
En tant que tel, le Multimono s’affiche déjà comme un concept à part de construction, présentée comme « éco-responsable » par son concepteur, impliquant une « dynamique de partage et d’apprentissage vers de nouvelles pratiques ». Et, ce qui ne gâche rien, bien toilé, il en envoie dans les risées !
« C’est un bateau qui a été entièrement construit par les jeunes, et qui doit donc s’adapter à l’investissement et à l’assiduité de chacun. D’autres part, les prises en charge pénales sont toutes différentes, un mois pour certains, 6 mois pour d’autres, ce qui complique l’organisation », Liliane Vallois, la directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), explique le long délai avant la sortie de chantier.
Le « Bahari titi » dans son élément
Une inauguration réussie puisque le voilier touchait l’eau vers 15h30, quasiment à la 1ère lancée, sous les yeux de Dominique Simon, Directeur Interrégional de la PJJ Ile de France-Outre-mer, du préfet Dominique Sorain accompagné d’Etienne Guillet son directeur de cabinet, de Frédéric Jardin, chef de corps du RSMA, partenaire de la PJJ, et de Didier Cauret, directeur de cabinet du vice-recteur.
L’objectif de cette branche de la PJJ qu’est l’UEAJ, est de favoriser l’insertion sociale et professionnelle de jeunes qui ont été condamnés. La scolarisation, avec la maitrise de savoir de base en français et en maths, et la découverte des métiers, restauration, artisanats, ou la participation à un chantier naval, font partie de ce but qui doit donner au jeune l’envie de décrocher un emploi ou une formation en sortant, et lui éviter de replonger.
Une 1ère vie en école de voile
Une tâche autant ardue que noble, qui passe dans le cadre de ce voilier, par un partenariat avec l’ACHM, l’Association des Croiseurs hauturiers de Mayotte, qui jouxte le chantier de la PJJ, comme nous l’explique Rémi Bachet : « Nous avons reçu pour chacun des Multimono, une subvention de 35.000 euros de l’Etat, pour acheter le bateau en kit, qui est ensuite construit par les jeunes de la PJJ », et avec l’accompagnement de leur éducateur Jean-Christophe Claverie.
Des voiliers qui servent à la collectivité ensuite puisque les adhérents du club de voile, adultes comme enfants, peuvent y apprendre la voile en stage collectif, ainsi que des jeunes de plusieurs écoles, avec le financement de l’Education nationale, notamment ceux des classes SEGPA (en difficulté scolaire) ou encore de l’association Mlézi Maoré. Il sera d’ailleurs sollicité lors des journées portes ouvertes du 7 septembre
Parmi ceux qui ont participé à cette deuxième construction, certains avaient déjà œuvré au 1er Multimono, et reviennent en passionnés. Pas de suite envisagée aux Multimono, « nous poursuivons dans la même logique avec les Kitoo », une sorte de Laser en bois, dont un exemplaire trône à l’entrée de l’UEAJ.
Anne Perzo-Lafond