Le centre éducatif renforcé inauguré, « une alternative à l’incarcération »

C'était une promesse du plan pour l'avenir de Mayotte. Le premier centre éducatif renforcé, d'une capacité de 8 places, a été inauguré à Bandrélé. Il a vocation à donner une seconde chance à des mineurs délinquants pour leur éviter une incarcération et les amener à un parcours d'insertion.

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Inauguration du Centre éducatif renforcé début juillet 2019, une des promesses du plan Sécurité

Les défis sont énormes. Les enjeux aussi. Sur un territoire où la moitié de la population a moins de 17 ans, la Justice se dote enfin d’un centre éducatif renforcé. Un premier établissement a ouvert à Bandrélé en décembre dernier, il a été inauguré ce mardi. « Mayotte souffrait d’un manque d’équipement en la matière, juge le préfet Dominique Sorain pour qui « c’est un paradoxe » que Mayotte n’en ait pas été dotée plus tôt.

L’objectif est d’accueillir jusqu’à 8 jeunes ayant commis des actes assez graves pour leur faire encourir la prison. « Il s’agit de compléter le dispositif de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) par une prise en charge intensive de courte durée » explique Ali Moussa Moussa Ben, le maire de Bandrélé. Selon lui, la prise en charge peut ainsi se faire « en continuité » des parents. « Travailler avec un ado implique de travailler avec sa famille, lui rendre compte et l’inclure ».

De nombreux acteurs du social, de l’éducation et du judiciaire étaient présents

Avant la création de ce centre, deux options s’offraient aux jeunes. La prison pour les plus de 15 ans, ou une prise en charge à La Réunion, ce qui dans les deux cas « ne facilitait pas leur réinsertion ».

Le CER fonctionne comme un « électrochoc éducatif » : du jour au lendemain les jeunes qui y sont envoyés doivent apprendre à se lever à heure fixe, manger à heure fixe, respecter les éducateurs et les autres jeunes. « Le premier mois est crucial » témoigne un des éducateurs du centre. « L’éducatif et la fermeté, ce n’est pas contradictoire » complète Roukia Lahadji, maire de Chirongui et présidente de Mlézi Maoré. « C’est ici leur place, poursuit-elle, la prison n’est la place de personne, encore moins d’un jeune. La société, ce n’est pas Majicavo, c’est là où on s’insère, là où on travaille, là où on a sa famille ».

Dominique Simon, directeur interrégional de la PJJ Ile de France et Outre Mer

C’est dans cette volonté de créer un parcours de réinsertion que le CER a été bâti sur le même site que le centre d’insertion par l’activité économique. « C’est par la mixité qu’on favorise l’insertion sociale, par par l’isolement » appuie la présidente. Pour Dominique Simon, directeur interrégional de la PJJ Ile de France et Outre Mer, il s’agit de « privilégier l’éducatif au répressif ».

Sur le fonctionnement, les jeunes sont accueillis au CER pour une durée de 4 mois, dans une démarche de « rupture » avec leur quotidien.

Une chambre témoin, au confort spartiate

Pas de visite en famille ni d’escapade en solo, mais des horaires stricts et des sorties éducatives et sportives. Kayak, randonnée et même une virée à La Réunion ont été organisés ces derniers mois. Quand ils sont sur le site du CER, c’est jardinage ou menuiserie. Les jeunes sont incités à fabriquer le mobilier qui équipera le container qui leur sert de chambre. Une manière de leur apprendre à respecter ce qui les entoure. Un suivi psychologique et un rattrapage des savoirs de base est aussi au menu.

Mais les difficultés sont à la hauteur des enjeux. Les fugues sont « le quotidien » des éducateurs, même si la plupart du temps les jeunes « reviennent au bout d’un quart d’heure ».

Les jeunes sont hebergés dans des containers aménagés, qu’ils peuvent meubler eux-même

Récemment, un éducateur a été blessé à la tête par un ado qui a dû être sorti du dispositif, et deux jeunes de la première session ont été renvoyés à Majicavo. Néanmoins cela laisse tout de même quelque deux tiers des jeunes qui mettent le pied dans un parcours d’insertion, même s’il est encore tôt pour dresser un bilan de la toute jeune structure.

Pour ceux qui réussissent à retrouver le « droit chemin », une convention devrait être prochainement signée avec le RSMA.

Y.D.

6 Commentaires

  1. Putaiiin, les délinquants de Mayotte ont une vie de luxe. Voyage à la Réunion, pratique de kayak, etc… Et comme ça ne suffit pas, on veut les envoyer au RSMA pour qu’ils apprennent à mieux manipuler les armes à feu. Les chombo ne sont pas assez efficaces pour faire plus de morts. Lol. Je dis ça, je dis rien.

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