Coopération régionale, des fonds largement sous-utilisés à Mayotte

Un fonds européen de 25 millions d'euros est inutilisé à Mayotte, où seuls deux projets ont été menés dans le cadre de la coopération transnationale. La Réunion reste le principal utilisateur de ces subventions.

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Carol Develter et Eloidin Nicaise

Mayotte reste à la peine sur les aides européennes, notamment dans le cadre du fonds interrégional (dit fonds Interreg) qui permet de monter des projets à cheval entre plusieurs pays. Ces fonds sont de deux types, il y a le fonds Interreg transfrontalier, qui permet depuis Mayotte de mener des projets à Madagascar et aux Comores, à condition que le projet mené soit « donnant-donnant », il faut des retombées des deux côtés de la frontière. Ce fonds est géré à Mayotte par la préfecture.

Mais il existe un autre dispositif de coopération interrégional dit « transnational ». Celui-ci ne se limite pas aux pays qui jouxtent Mayotte, et permet de financer des projets allant de l’Afrique du Sud à Maurice, « voire même en Australie » indique Eloidin Nicaise, cheffe du pôle des affaires européennes au SGAR de Mayotte.
Or pour ce fonds transnational, géré par le conseil régional de La Réunion, l’enveloppe s’élève à 74 millions d’euros, dont 25 millions d’euros auxquels les porteurs de projets mahorais peuvent prétendre . « Mais pour l’instant on n’a que deux porteurs de projet ici » regrette la responsable qui cite le Lycée de Coconi et l’Adim.

Carol Develter, responsable à la Région Réunion, note en effet une forte disparité entre l’usage qui est fait de ces fonds européens à La Réunion et à Mayotte. 12 millions d’euros sur l’enveloppe de 24 millions sont utilisés chez eux, contre à peine 111 000 ici !
Pour le lycée de Coconi par exemple, le projet consiste en des échanges liés à la formation professionnelle des agriculteurs avec Madagascar et les Comores, mais aussi le Mozambique et Maurice, ce qui permet d’y envoyer des élèves en stage, et de recevoir des formateurs et des retours d’expérience de ces pays.

Kévin Cariou, directeur adjoint de l’AFD

Et si les fonds européens ne sont pas évidents à obtenir, car il faut avancer une partie des frais et que ces subventions sont plafonnées à un certain pourcentage du coût du projet, l’Agence française de développement signale sa présence ! « Les fonds européens ne financent jamais la totalité des projets, indique Kévin Cariou, directeur adjoint de l’AFD Mayotte. Mais on peut faire appel à un autre organisme qui peut être l’AFD ».
Or, si l’agence à Mayotte vient surtout en aide au secteur public à l’aide de prêts, le fonctionnement est différent dans ses agences à l’étranger qui, pour des projets transnationaux, peuvent intervenir.

Pour que ces fonds ne restent pas inusités, la préfecture et la Région Réunion essayent de faire connaître les fonds Interreg afin d’inciter les porteurs de projet mahorais à monter des dossiers, dans des domaines aussi variés que la santé, l’éducation, la recherche etc. L’accompagnement existe, l’argent est disponible. Il ne manque que les bonnes idées.

Y.D.

14 Commentaires

  1. Question: le donnant/donnant ne fonctionne pas car peut être que chez certains voisins il faudrait qu’il n’y ait qu’un seul qui donne.
    De plus, si les acteurs doivent avancer des sommes qu’ils ne sont pas sûrs de récupérer cela n’incite pas à se lancer. Il serait bien de savoir ce que nos voisins ont fait ( combien ont ils avancé, qu’ont ils reçu et le but de leurs projets) pour que cela nous donne une idée.
    Enfin si Mayotte était plus développée, les acteurs locaux et les porteurs de projets seraient peut être plus motivés pour regarder vers les voisins.
    Ex: coopération touristique. Ici avec quel établissement? Quelle compagnie aérienne? Faire des échanges, des vrais! Donnant donnant

  2. La question que je me pose c’est: est ce que ces fonds sont suffisamment connus des acteurs (porteurs de projets) ? Personnellement j’entend rarement parler de ce sujet sauf une fois ou deux par an et pour dire que tel ou tel fonds n’a pas été consommé mais jamais on parle de types d’opérations qu’ils soutiennent et comment peut-on y accéder. Il y a peut être un travail de « vulgarisation » à faire

    • Dikete Omonde Kevin ils ne sont pas forcement des spécialistes dans ce domaine. Je crois qu’eux mêmes ont besoin de formation là-dedans vu la complexité des règles qui s’appliquent en la matière.

  3. Il faut arrêter d’accuser l’état ou les élus, il faut dire les chauses réellement, les cadres mahorais principalement ceux qui travaillent dans les collectivités locales ne savent pas faire des projets. Les projets européens demandent beaucoup de compétences, il faut aller se former.

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