Les bibliothèques de Mayotte s’engagent avec « Partir en livre »

Le festival « Partir en livre », qui se déroulait du 10 au 20 juillet, a donné l’occasion aux bibliothèques de Mayotte de s’investir pour la jeunesse. À Dzaouzi-Labattoir, un atelier origami était organisé pour les enfants le 18 juillet.

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Le jardin de la mairie de Dzaouzi-Labattoir où a été déplacée la bibliothèque pour l’été.

Une vingtaine d’enfants et d’adolescents s’agitent autour de feuilles de papiers qu’ils coupent et plient inlassablement dans les locaux de la mairie de Dzaouzi-Labattoir. Ce 18 juillet « on fait de l’origami traditionnel » s’amuse Baraka Ali, l’assistante de direction de la bibliothèque de la ville. Le regard joyeux, derrière son visage coloré au m’dzindano, le maquillage traditionnel mahorais, elle explique que « l’atelier est organisé dans le cadre du festival Partir en livre. »

Cette manifestation nationale, lancée par le ministère de la Culture il y a cinq ans, vise à promouvoir les livres auprès de la jeunesse. À Mayotte l’événement s’appelle Halo Tsika Isoma – « Allons-nous amuser » en kibuchi et a lieu pour la quatrième année consécutive. Le projet est notamment porté par l’Agence Régionale du Livre et de la Lecture (ARLL) pour un budget total d’un peu plus de 50 000 euros.

L’événement s’appuie particulièrement sur les bibliothèques du département. Neuf d’entre elles étaient partenaires et ont accueilli les différentes manifestations qui étaient au programme. Elles ont eu la possibilité de proposer leurs propres rassemblements, comme à Dzaouzi-Labattoir. Avec chacune leurs particularités, comme l’explique Baraka Ali pour qui il faut inclure aussi les traditions mahoraises dans ces moments : « Ici on fait de l’origami mais pas qu’avec du papier. Je dois filer chercher des feuilles de coco. On va apprendre aux enfants comment faire des balles tressées. »

« Partir en livre » donne l’occasion à l’ARLL de former les personnels des bibliothèques à la création d’événements. « On leur apprend à faire un budget et nous les accompagnons tout au long de la mise en place des projets », explique Lucie Bon, la directrice-adjointe.

Les shuriken en papier produit par les enfants les plus âgés de l’atelier.

Les enfants sont ravis, comme Assia et Mariama qui ont respectivement douze et onze ans. Devant elles, sont alignés des shuriken, armes traditionnelles japonaises, en papier plié. Les jeunes filles ont l’habitude de venir à la bibliothèque pendant les vacances et ont été surprises de découvrir l’atelier. « On ne savait même pas ce que c’était que l’origami, confient-elles timidement. Mais c’est super ! Même si on n’est pas sûr de réussir à reproduire ça à la maison… »

Promouvoir la culture à Mayotte

« Nous voulions valoriser la culture orale de Mayotte et trouver un moyen de la mettre en livre et en écriture », poursuit Lucie Bon. Pour cela, elle a fait appel à une compagnie de théâtre nantaise appelée Ilot 135. « Ils sont venus une première fois en février pour rencontrer toutes les bibliothécaires. À partir de là ils ont créé un spectacle appelé Pop-Up et Bao terrible dévoreur d’histoires. »

Deux petites filles s’amusent à mettre leur chapeaux de papier sur la tête.

Le show est conçu spécialement pour un public mahorais. Il met en scène le traditionnel personnage fictif de Bao. Un djinn lui jette un sort et des histoires restent bloquées dans son ventre. Pour se délivrer de ce mal, il doit toutes les raconter. Chaque soir, sur la scène, se trouve un livre géant, conçu par l’association Hodina.

Le spectacle a pour particularité d’être participatif. Les bruitages sont faits par les enfants venus assister à la représentation. Ils sont enregistré et mis dans des podcasts qui seront ensuite diffusés. Et l’initiative est une réussite : « Nous avons eu jusqu’à 150 spectateurs, précise Lucie Bon. Même les plus grands se laissent tenter. »

L’événement est devenu un rendez-vous culturel incontournable à Mayotte. Il sera reconduit l’an prochain au mois de juillet. Pour le plus grand plaisir des petits mais aussi des plus grands.

Y.M

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