L’excellence du théâtre offerte à 77 Mahorais

L’École Nomade du Théâtre du Soleil s’est terminée vendredi 19 juillet, après trois semaines de travail intensif. Les 77 stagiaires ont dépensé beaucoup d’énergie pour apprendre l’improvisation théâtrale avec la comédienne Hélène Cinque.

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Sur scène, des Arlequins improvisent une tournée sur une musique rythmée.

Au théâtre du lycée Mamoudzou Nord se tient un drôle de spectacle. Un imposant comédien, vêtu d’un chapeau et d’une tunique noires ainsi que d’un masque au long nez, est au centre de la scène. Il parle fort et d’une voix grave. Soudain, une remontrance s’élève depuis le bas des gradins : « Tais-toi et joue avec ton corps Matamore ! ». Hélène Cinque, comédienne et meneuse de l’École Nomade du Théâtre du Soleil, vient de reprendre l’interprète en s’adressant directement au personnage qu’il incarne.

Le projet, créé par Ariane Mnouchkine, a pour objectif d’amener le théâtre là où il n’y en a pas. L’École Nomade s’est déjà déplacée, entre autres, au Chili et à Pondichéry. Pendant trois semaines, il a réuni 77 stagiaires venus de tout Mayotte.

« Une chance pour Mayotte »

Le stage est gratuit, financé par la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale de Mayotte, la Direction des Affaires Culturelles et le Vice-Rectorat à hauteur de près de 100 000 euros.

Les comédiens vêtus de masque de Bali improvisent sous le regard d’Hélène Cinque

« L’École Nomade est une chance pour Mayotte, s’enthousiasme Jean-Louis Rose qui a porté le projet. Elle permet à des personnes venues de tous les milieux de se rencontrer et de jouer ensemble. » Lycéens, étudiants, enseignants, des personnes sans emploi et même un capitaine de bateau sont présents dans la salle.

La démarche est particulière. Bienveillante mais exigeante, « c’est émotionnellement très ferme », observe Jean-Louis Rose. Un constat que partage Hélène Cinque : « Je joue avec eux pour les emmener dans l’exemplarité. Nous voulons leur apprendre le théâtre d’improvisation. » Ainsi, il n’y a pas de spectacle à la fin du stage. On apprend aux stagiaires que la scène est un espace de liberté. « Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes filles, ajoute Hélène Cinque. Elles ont besoin de conquérir cette liberté. »

Quant à la méthode, elle est avant tout collective : « Ici pas de doctrine, pas d’idéologie, pas de concept. On travaille sur la transmission », précise Carolina Pecheny avant de partir enfiler son costume. Comme trois autres comédiens, elle accompagne, sur scène et en dehors, ceux qui participent à l’École Nomade.

« Tais-toi et joue avec ton corps Matamore ! », l’un des stagiaires se fait reprendre.

Malgré quelques abandons pendant le stage, les participants sont ravis. Comme Lucas, 26 ans et habitué des théâtres : « C’est top, ils ont réussi à canaliser chez moi des énergies folles ! » Même sentiment du côté des organisateurs. Emballé, Jean Louis Rose se confie : « J’ai un rêve. Que l’École Nomade soit le premier pas vers une classe préparatoire aux écoles de théâtre à Mayotte. »

Y.M.

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