« Les mangroves sont essentielles à la bonne santé de l’être humain ! » S’il n’y avait qu’un seul message à retenir de la conférence organisée pour la journée internationale des mangroves, ce serait celui-là. Ici, il est martelé par Agnès Thongo, responsable de l’Office national des forêts. Avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et le Parc naturel marin de Mayotte, elle a présenté la situation des mangroves à Mayotte dans les locaux de la mairie de Chirongui.
Ordure, pollution, braconnage, érosion naturelle… les menaces qui pèsent sur cet écosystème fragile sont nombreuses. « Pour moi, la principale d’entre elles est l’accumulation de déchets, poursuit Agnès Thongo. D’un côté, ils asphyxient la mangrove. De l’autre, ils sont ingérés par les poissons qui s’y réfugient. Ces animaux sont ensuite consommés par l’homme qui s’empoisonne avec. »
Les 725 hectares de mangrove qui recouvrent Mayotte protègent les villages de l’érosion et de la houle cyclonique. La situation de Bandrélé est particulièrement évocatrice. Si des vagues de cinq mètres venaient à se déverser sur la côte, presque tout le village serait assuré de disparaître sous les eaux. Il est protégé par la mangrove derrière laquelle il se trouve. Une étude réalisée par l’UICN il y a deux ans montre que les arrières-mangroves sont en danger critique d’extinction du fait de l’urbanisation et de l’utilisation de ces espaces à des fins agricoles.
De nouveaux outils de sensibilisation dévoilés
À l’occasion de cette journée, le Réseau d’éducation à l’environnement et au développement durable de Mayotte a dévoilé un conte écrit par Nassur Attoumani sur le thème de la mangrove. Celui-ci raconte les conséquences environnementales de l’augmentation de la consommation à Mayotte. « Le conte sera mis en image à partir du mois prochain », complète la chargée de mission pour l’UICN, Pauline Malterre.
Elle révèle un autre outil pédagogique ce 26 juillet. « En avant-première » s’enthousiasme Pauline Malterre en montrant un écran géant situé à côté d’elle. Dessus est projetée l’image d’une mangrove de Mayotte vue du ciel. « Il s’agit d’une application interactive qui viendra accompagner les sessions de sensibilisation. » Un panneau apparaît sur un arbre. Il explique le fonctionnement de la mangrove.
« On me prend pour une extra-terrestre »
Soudain, au milieu de la conférence, une dame lève la main pour parler. Au départ simple spectatrice elle ne peut s’empêcher de réagir. « Je suis très inquiète. En face de mon village se trouve une mangrove. Avant elle était très touffue. Mais je la vois mourir à petit feu. Quand j’en parle autour de moi et que j’essaie d’agir, on me prend pour une extra-terrestre. »
Elle n’est pas la seule à s’alarmer de la situation. En parallèle de la conférence un ramassage de déchets était organisé dans les mangroves de Tsimkoura et de Bandrélé. Une quarantaine de bénévoles sont venus à Tsimkoura. Boina Said Boina, le président de l’association Mangrove environnement, y organisait l’évènement. « On ne sait pas quoi en faire, personne ne vient les chercher », désespère le président.
Il est désarçonné. Derrière lui se trouve un tas d’ordures amassées par les bénévoles. Il considère qu’il n’y a pas de véritable volonté politique de sauver la mangrove. « Nous nettoyons deux fois par mois. Mais c’est décourageant. Une fois que l’on ramasse les déchets, nous sommes obligés de faire des tas que personne ne vient ramasser ensuite. Est-ce que c’est normal ?»
Plus loin, il montre la rivière. « En période de pluie, on retrouve de tout ici. Les ordures sont ramenées par les eaux. Il faut que les gens comprennent que quand ils veulent se débarrasser de leur micro-onde, ils ne doivent pas le jeter dans la rivière ! »
Y-M
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