Le MuMa met les écoles traditionnelles à l’honneur

Le 27 juillet le MuMa consacrait une journée spéciales aux écoles traditionnelles mahoraises. Lors d’une conférence, les participants se sont questionnés sur l’avenir de l’éducation traditionnelle à Mayotte.

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Les enfants s’appliquent à écrire leurs prénoms à l’aide d’une plume taillée dans le bois.

Dans le jardin du MuMa, le Musée de Mayotte, un grand tableau avec des lettres en arabe est posé au bout d’une table. Mathias est appliqué. Il écrit son prénom en lettres arabes à l’aide d’une plume taillée dans le bois. Comme de nombreux enfants et adultes, il suit les ateliers organisés par le musée à l’occasion des samedis du MuMa. Ce 27 juillet, la journée est dédiée aux écoles traditionnelles de Mayotte.

« Tous les derniers samedis du mois, nous organisons une journée culturelle en lien avec les expositions qui sont proposées, explique Achoura Benaidi, une des responsables du musée. La matinée est consacrée à des ateliers de fabrication d’encre traditionnelle, en plus de ceux sur l’écriture en arabe. » L’après-midi, les enfants profitent des jeux de société mis à disposition par le musée.

Houlam Haladi a donné une conférence sur les écoles traditionnelles. Au premier rang, les jeunes élèves d’un shioni de Mamoudzou.

Les samedis du MuMa sont aussi l’occasion pour les habitants de découvrir un musée qui est habituellement fermé le week-end. « Les expositions sont gratuites, poursuit Achoura Benaidi, et nous organisons deux visites dans la journée. »

Le musée met en avant la culture mahoraise. Il fonctionne grâce à un système d’expositions tournantes. « Nous manquons de place, précise la responsable de développement des publics, Nora Maanani. Dans plusieurs années nous serons transférés dans un bâtiment plus grand. En attendant, on réaménage les salles une à deux fois par an pour une nouvelle exposition. » La prochaine sera dévoilée en septembre. Une exposition sur l’artisanat mahorais remplacera celle sur les femmes de Mayotte.

Les écoles traditionnelles en débat

 Houlam Haladi, un membre de l’Institut de Coopération régionale et Européenne de Mayotte (ICREM) a également donné une conférence pour cette journée. Pendant plus d’une heure, il a fait part d’un retour d’expérience sur la situation des shionis et des madrasas de l’île. Les premières sont des écoles à caractère religieux et social. Les élèves viennent dès l’âge de 3 ans pour apprendre à lire l’arabe et les rudiments du coran. Le fundi, la personne qui enseigne au sein du shioni, leur transmet aussi des savoirs traditionnels liés à la vie en société à Mayotte.

Les shionis sont différents des madrasas. Dans ces écoles religieuses plus classiques, l’islam est enseigné de manière plus approfondie. Les professeurs ont souvent étudié dans des écoles à l’étranger. Mais les madrasas ont tendance à laisser de côté la dimension traditionnelle et syncrétique de la religion, telle qu’elle peut être pratiquée à Mayotte.

Nora Maanani anime l’atelier écriture en arabe de la journée.

« Nous ne voulons pas instaurer de concurrence entre shioni et madrasa insiste Abdoul Karim Ben Said, le directeur du musée. » Houlam Haladi ajoute, pendant sa conférence : « Les deux enseignements peuvent être complémentaires, entre eux et avec l’éducation nationale. » Mais peu d’études existent sur le sujet.

L’évènement a eu le mérite de dévoiler les inquiétudes du public face à la montée en puissance des madrasa sur l’île. Plusieurs personnes ont fait part de leur crainte de voir disparaître le shioni traditionnel.

Fait amusant, cette conférence s’est déroulée sous les yeux des enfants d’un shioni de Mamoudzou. Ils étaient venus en nombre, accompagnés par leur fundi. Sages et concentrés, ils sont restés silencieux. Malgré une conférence bien trop technique pour leur jeune âge.

YM

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