La décision du tribunal administratif n’est assurément pas celle espérée par IBS, mais elle ne clôt pas le feuilleton qui a commencé avec le rachat par Vinci du terrain exploité par l’entreprise de Théophane Narayanin (mais dirigée par son fils) et qui nourrit quelque 300 familles à Mayotte.
En effet, le jugement rendu en fin de semaine dernière ne signifie pas que les gendarmes mobiles vont débarquer à Kangani demain, loin s’en faut.
Car ces derniers ne sont pas aux ordres du juge, mais aux ordres du préfet. Or, ce dernier a été clair. Se posant en médiateur, il a assuré avoir trois priorités : la loi, l’emploi et la concorde.
Il avait ainsi dans ce cadre de ce dossier promis de faire respecter la décision du juge quelle qu’elle soit, mais « pas tout de suite » s’il s’agissait de mobiliser les gendarmes, « pour se donner le temps d’une solution négociée ». « Le métier d’un préfet, c’est d’appliquer les décisions du juge. Ma priorité c’est l’emploi et tout sera mis en oeuvre pour le préserver et garantir que le maximum de salariés soit conservé ou repris » estimait-il début août.
Or, la justice ne demande pas au préfet de débarquer manu militari. Le jugement lui impose seulement de « réexaminer » le précédent refus de la préfecture de faire intervenir les gendarmes, et de « trouver une solution » dans un délai de trois mois. Le tout, sans astreinte.
Le scénario le plus probable est donc qu’avec cette décision de justice, la préfecture utilise son réseau pour se mettre à table avec Vinci et trouver une manière légale de satisfaire Paul sans déshabiller Jacques. Contactée, la société IBS n’a pas souhaité communiquer, notamment pour laisser travailler la préfecture sur ce dossier.
En effet, alors qu’il a pour mission de mener la barque du plan pour l’avenir de Mayotte, Jean-François Colombet a en effet tout intérêt à ménager la chèvre et le chou, notamment en matière de BTP. « L’Etat met sur la table 1,6 milliard d’euros de commande publique (…) sans Vinci, sans Colas, Mayotte ne pourra pas faire de la production de masse, estime le représentant de l’Etat, mais elle a aussi besoin de ses entreprises locales. Il y a de la place pour tout le monde » commentait-il.
Du côté d’IBS, une décision jugée « humaine »
S’ouvre donc une période d’intenses discussions qui devrait durer trois mois maximum. Si cela ne suffit pas à trouver un terrain d’entente, d’autres recours en justice pourraient être déposés (c’est même probable). Les cailloux n’ont pas fini d’être concassés, et les cheveux, d’être coupés en quatre.
Le directeur du groupe IBS à Mayotte, Guillaume Narayanin, salue de son côté une décision « humaine ».
« C’est une invitation à un réexamen, on parle d’un délai de trois mois, il n’y a pas de décision couperet, c’est ce qui me rassure un peu. On a pris connaissance de la décision et on la respecte bien sur, c’est une décision qui aurait pu être plus brutale, on en a connu, et celle-là est humaine, elle considère le rôle qu’a joué IBS dans ce territoire et elle invite à la discussion. S’il y en a une, je m’y rendrai. Cela reste une situation délicate, on reste réaliste. Aujourd’hui on veut faire primer la discussion et l’échange. »
Y.D.
Mon beauf va certainement perdre son emploi…c est dommageable mais à qui la faute originelle?
C’est normal, dans une jungle , c’est le plus grand et fort qui gagne les combats