Quel avenir pour la musada alors que de plus en plus de jeunes quittent l’île, et qu’un nombre croissant de retraités est exposé à la solitude ? C’est un des enjeux abordés ce jeudi matin au conseil départemental sous l’impulsion de la Fmapar.
« Le séminaire est sur la vunérabilité, c’est un mot généraliste, explique Sayra Mohamed, vice-présidente de la fédération. Nous voulons parler de la maltraitance, du délai de traitement des dossiers (d’aide à domicile NDLR) aussi, car des fois, ça prend trois ou quatre mois. Or, il arrive que la personne décède avant que son dossier ne soit traité. Ce séminaire, c’est l’occasion pour les associations d’exposer ces problèmes. On veut aussi parler de la fragilité, émotionnelle mais aussi liée à la maltraitance, ou à la solitude. »
Si ce débat est si important aujourd’hui, c’est que « la question des personnes âgées ne s’est invitée dans le débat que tout récemment » indique la préfecture, « en raison de la solidarité familiale et communautaire qui commence à s’effriter ». En effet, là où les us et coutumes de Mayotte assuraient jadis à chaque parent d’être pris en charge par ses enfants, c’est de moins en moins le cas, notamment car les jeunes sont de plus en plus nombreux à quitter le département. Face à ce changement de paradigme, « il faut sensibiliser et mettre en place pour les aînés des endroits où se retrouver, il faut briser ce tabou et cette négation, au motif que notre culture veut que… »
Autrement dit, la fédération milite pour la création d’outils communautaires pour assurer une continuité dans l’attention portée aux personnes âgées, sans nier les changements de société. Il faut s’adapter, en somme, car des maisons de retraite à la mode métropolitaine seraient difficilement acceptées ici.
C’est aussi un enjeu de cohésion sociale pour le territoire, note la représentante du préfet, « face à une jeunesse nombreuse et en perte de repères ».
« C’est quand les personnes âgées ne communiquent plus avec la jeunesse qu’il y a des dérapages » corrobore Sayra Mohamed. Il en va aussi de la transmission de certains savoirs, que les cocos et bacocos transmettent traditionnellement aux petits enfants, et qui se perdent du fait de cette rupture intergénérationnelle.
Des outils se mettent peu à peu en place, notamment pour faciliter le signalement des cas de maltraitance, et la prise en charge des victimes. Pour la cohésion aussi, puisque des partenariats entre la fédération et les CCAS de l’île seront signés d’ici septembre afin de monter des projets au plus près de la population.
Y.D.