Face à la sous-consommation récurrente des fonds nécessaires au développement de Mayotte, qu’ils soient européens ou nationaux, une des demandes de l’Intersyndicale et du Collectif meneurs de la fronde sociale en 2018, concernait la mise en place d’une plateforme d’ingénierie.
Actée comme 51ème mesure du Plan d’avenir pour Mayotte, elle a toujours peine à prendre forme, comme nous l’a expliqué la ministre Annick Girardin : « Elle est budgétisée, les postes sont créés, mais nous ne parvenons pas à tous les pourvoir, nous attendons que des compétences postulent. Nous sommes de nouveau confrontés au manque d’attractivité de l’île. » Or, l’annonce d’un plan de convergence de 1,6 milliard d’euros, un niveau jamais atteint pour Mayotte, doit inciter chacun à secouer ses neurones.
Qu’ont fait les collectivités pour se doter de compétences ?
La ministre faisait un distinguo qui permet d’élargir le champ des possibles dans ce domaine. « Il y a la plateforme d’ingénierie qui doit permettre de soutenir les collectivités pour mettre en œuvre les projets consommateurs du plan de convergence, mais il y a aussi un budget d’ingénierie localement. Les collectivités peuvent aussi y répondre de leur côté. » On a vu l’efficacité de recrutement de compétences dans les collectivités telles que Dzaoudzi Labattoir ou Chirongui, qui leur ont permis de mettre en place des projets, pourtant consommateurs de foncier réputé comme inaccessible.
La ministre nous confiait qu’une des lignes du contrat de convergence concerne justement le recrutement de compétences, c’était d’ailleurs le cas du contrat de projet précédent. L’a-t-on utilisée ? Sur ce thème, le conseil départemental a considérablement péché en terme de formation, un secteur atone pendant plusieurs années, qui permet pourtant de former des agents et des cadres locaux.
Attention à ne pas louper le train…
Autre échelle de consommation, les entreprises : « Elles doivent aussi se doter d’ingénierie pour répondre aux besoins puisqu’il va falloir construire des écoles, des routes, et répondre au questions portuaires et aéroportuaires », complétait Annick Girardin.
La ministre évoquait les deux ans de travail « pour fournir une réponse collective au développement de Mayotte », depuis la mobilisation sociale, « il faut maintenant la mettre en action. C’est une responsabilité de tous ».
Car si l’Etat s’est penché avec un gros mea culpa rétroactif, sur le berceau de Mayotte depuis prés de deux ans, rien ne dit que cela va durer, surtout si nos politiques publiques mahoraises continuent à dysfonctionner. Ça peut lasser… « Le train passe, il faut le prendre », met en garde Annick Girardin. Et donc se donner envie de consommer un milliard et demi, ce sera un apport d’oxygène sans précédent pour notre économie.
Si les collectivités parviennent à impulser un tel dynamisme, nul doute que cela peut attirer des hauts fonctionnaires de qualité qui pourront plus facilement développer de l’empathie pour ce territoire. Le gouvernement a voulu « redonner espoir aux mahorais, ainsi que concluait la ministre, il faut transformer cette confiance retrouvée ».
Anne Perzo-Lafond
Bref le serpent qui se mord la queue… l etat met « officiellement » de l’argent sur la table tout en sachant qu’il ne sera pas consommé car il fait en sorte de ne pas faire recruter les personnels adéquats en prétextant le manque d’attractivité qu’il crée lui-même… game over ! Quand au secteur privé, la même chose : aucune boite mahoraise n’a de capacité pour répondre aux appels d’offres gigantesques à venir, du coup une seule entreprise en profite ce qui crée un monopole de fait qui entraîne une surfacturation des projets qui contraint à en faire peu malgré la hausse des budgets… Game over !