« Allez ! On va tirer le drap. Un, deux, et… », le drap ne vient pas, « il faut réessayer ! ». Elles sont trois femmes à entourer celle qui joue la malade de circonstance pour des travaux pratiques, il faut en l’occurrence changer le drap d’une personne hémiplégique, qui reste clouée au lit. « Nous accompagnons des aidants familiaux à la prise en charge des malades à la maison », explique Saïda Mohamed, Assistante de direction du Centre Communal d’Action Sociale de la mairie de Mamoudzou. C’est le deuxième mois consécutif qu’une telle session de trois jours est proposée, « il y en aura une par mois jusqu’à la fin de l’année. » Un financement de 4.000 euros pour 5 mois pour le CCAS.
C’est Dagoni Services, de Mirhane Abdallah qui assure la prestation : « Nous accompagnons les familles confrontées à la maladie et au handicap et qui ont du mal à s’en sortir. »
Le « droit de répit » applicable à Mayotte
Elle se décompose en plusieurs séquences. « Je leur expose d’abord les différents cas qui provoquent la dépendance, le diabète, un AVC, l’âge, le handicap, puis je détaille les droits et allocations dont ils peuvent bénéficier. Par exemple, il existe le droit de répit, c’est un congé sans solde, applicable à Mayotte, mais pas appliqué, faute d’information ». Des dispositions prévues dans la loi de l’adaptation de la société au vieillissement, qui prévoit aussi la possibilité de placer la personne pendant un jour ou deux dans un établissement, histoire de souffler un peu, « mais il n’y a pas d’établissement prévu pour cela à Mayotte. »
En matière de droits, il existe maintenant l’AAH et l’ASPA à Mayotte, respectivement des aides au handicap et aux personnes âgées, « sinon, il est aussi possible d’être accompagnés par la Caisse de sécurité sociale », explique Mirhane Abdallah. Des aides d’autant plus importantes à décrocher, qu’il est sans doute possible pour ces familles ensuite d’avoir recours aux services de Dagoni, et d’être ainsi soulagées de cette prise en charge.
Des aidants, qui sont plutôt des « aidantes », puisque seules des femmes ont répondu présent, « il y avait un homme ce matin, mais il fui devant toutes ces femmes ! », sourit Saïda Mohamed.
C’est la bonne humeur qui règne parmi les stagiaires qui auront eu 3 jours d’explication sur les bons gestes, « attention à la position de votre dos ! », met en garde Mirhane Abdallah, qui nous confie, « elles regrettent de ne pas avoir eu ces conseils qui les soulagent avant, et sont toutes prêtes à revenir le mois prochain ! »
Anne Perzo-Lafond