Séance houleuse au Syndicat des Eaux ce lundi matin. Elle portait sur les modalités de délégation de service public (DSP) vers une structure tierce. Une externalisation que le président Mouhamadi Bavi avait annoncée lors de ses vœux en janvier dernier, qui avait surpris son monde. La réunion ce lundi avait pour but d’informer le personnel des conditions de transfert.
Mais le président n’était pas présent. Il avait délégué son adjoint, retenu qu’il était par les démarches inhérentes à un cambriolage qui se serait déroulé ce week-end. Certains agents ont alors élevé la voix, avant de quitter la salle de réunion : « Quel cambriolage ?! Ils ont uniquement volé le disque dur de l’unité centrale ! On exige la présence du président Bavi. » Nous avons interpellé la police, qui confirme le cambriolage, « alors que le Sieam était gardé ce week-end ». Les investigations sont en cours.
Face à la fronde, difficile de maintenir la réunion en l’état. La presse n’y était pas conviée, « c’est une réunion interne », nous faisait savoir Ibrahim Aboubacar. L’ancien député réapparait ainsi au poste de Chargé de mission DSP pour le SIEAM.
Sortir du problème de gouvernance
Nous avons voulu faire un point sur l’évolution de l’externalisation de l’assainissement, un service qui a toujours été déficitaire au Sieam, par rapport à celui de l’eau, qui était jadis excédentaire. « La DSP est en cours, les offres ne sont pas connues. Ce que nous savons, c’est que les missions seront transférées au délégataire, avec le personnel du service et le matériel », rapporte Kamal-Eddine Mohamed, Responsable du pole Assainissement au Sieam. Lui restera au Sieam pour contrôler la bonne exécution de la compétence.
Rappelons que les investissements attendus sont lourds en matière d’assainissement qui reste encore marginal à Mayotte : doivent sortir de terre les stations d’épuration de Mamoudzou sud, de Koungou, de Petite Terre, de Tsingoni et de Bouéni, et une vraie politique de branchements doit être mise en œuvre.
Mayotte a obtenu nombre de dérogations sur l’assainissement en matière de normes européennes, et pourtant, peu de choses sont mises en place. Plan Urgence eau lors de la pénurie, Contrat de progrès avec 73 millions d’euros sur l’assainissement, Contrat de convergence… En ironisant un peu, on constate qu’aucun Progrès ne Converge vers l’Urgence !
Un problème de gouvernance, avait pointé la Chambre régionale des Comptes. L’écart entre les financeurs, un duo communes (à raison de 4 euros par habitant et par an)-usagers (2 euros par m3 consommé), et le payeur qu’est le Sieam, n’inciterait pas ce dernier à être consciencieux. D’où la demande d’externalisation, incitée par la commission d’accompagnement du contrat de progrès.
Une partie des 30 salariés est concernée par le transfert. Huit selon nos informations, qui seraient dores et déjà affectés au délégataire, le nom de Vinci circule dans les couloirs. Nous y reviendrons. Pour l’instant, les salariés ont déposé un préavis de grève pour le 24 septembre pour obtenir davantage d’informations.
Anne Perzo-Lafond