Colère des agents du SIEAM : « On ne veut pas aller chez Vinci ! »

Basculer d’un Syndicat Intercommunal vers une société privée, c’est l’inconnue pour la trentaine d’agents du SIEAM qui s’y refusent. Pourtant, l’externalisation de la compétence assainissement n’est pas synonyme de perte des acquis, rassure le président Bavi.

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Une amicale dédiée au seul personnel du syndicat, rappelle la CRC

Les agents du Syndicat Intercommunal de l’Eau et de l’Assainissement de Mayotte (SIEAM) sont remontés. Ils voient pour 35 d’entre eux, leur avenir bifurquer vers une boite privée, ce qui ne les réjouit pas du tout ! Pour eux c’est certain, c’est Vinci qui a été choisi, ils sont d’ailleurs invités à écouter ce jeudi les dirigeants évoquer la reprise de la section Assainissement du Syndicat. Ils maintiennent leur préavis de grève pour le 24 septembre.

Pour mémoire, de ses deux branches, l’eau et l’assainissement, le SIEAM n’a jamais réussi à développer la dernière. Moins de 20% de la population est raccordée à une station d’épuration. Prenant exemple sur la branche eau, qui fonctionne avec une Délégation de Service Public (DSP) accordée à la SMAE (Société Mahoraise des Eaux), filiale de Vinci, le SIEAM s’apprête dupliquer l’organisation à la branche assainissement. Il n’a pas le choix à vrai dire.

La Chambre régionale des Comptes avait fortement incité le président du SIEAM, Mouhamadi Bavi à externaliser cette compétence des communes. Ce sont donc deux DSP qui vont régir et l’eau, et l’assainissement. Et comble d’ironie, assuré par la même société, la SMAE, celle-là même que Bavi avait pourfendue sur le partage des bénéfices de la branche eau, arrivant à un 50-50 bénéfique pour le Syndicat. On comprend que ce changement de cap transforme les agents en girouettes. Car Vinci apparaît donc comme le grand gagnant de l’affaire.

Rappelons malgré tout que l’assainissement est pour l’instant un gouffre pour le SIEAM, « les mini-stations d’épuration ne fonctionnent pas, alors que les gens sont branchés. La police de l’eau a déposé plainte contre nous sur trois affaires, nous ne pouvons plus jouer ! », clame Bavi. Qui explique que si le SIEAM voulait malgré tout conserver cette compétence en régie, « il faudrait recruter 200 personnes, c’est impossible ! »

Vinci présente ses conditions de reprise ce matin

Les représentants de Vinci avec Mouhamadi Bavi lors de ses vœux où il annonçait l’externalisation de l’assainissement en février dernier

Si deux candidats avaient répondu à l’appel d’offre, l’un, Ecosphère, aurait été écarté faute de compétence et de garanties. Il ne reste donc que Vinci, « mais nous n’avons pas pris de décision, réplique Bavi, puisque Vinci doit présenter dès ce jeudi les conditions de reprise aux agents. » Ils seraient 35 à être concernés, une majorité de titulaires.

Selon nos informations, il est tout à fait possible dans le cadre de ces transferts lors d’une DSP, que les fonctionnaires conservent leurs droits et leurs acquis, « tout dépend de conditions qui seront négociés », nous explique notre source.

Si les agents refusent de permuter vers le délégataire, que se passe-t-il ? « Selon la loi, le SIEAM peut les garder une année, au terme de laquelle, sans activité de leur branche au sein du syndicat, leur dossier sera transmis au Centre de gestion », explique Bavi.

Il se réjouit que la période de transition soit supervisée par l’ancien député, ancien directeur de la CCI et ancien directeur du port Ibrahim Aboubacar, qui est donc désormais en charge des deux DSP.

Anne Perzo-Lafond

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