Le sucre ou la petite révolution dans l’Histoire de Mayotte

Le patrimoine sucrier de Mayotte, un thème souvent abordé, mais que les Naturalistes revisitent, avec quelques angles de vue différents.

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Michel Charpentier, Erwan Bailby et Andila Soufou des Naturalistes

On sait qu’au plus fort de l’activité de ses 15 usines disséminées sur le territoire dans les années 1870, l’activité sucrière était somme toute modérée, on comprend pourquoi. « Sur les 12.000 à 15.000 hectares en concession, seuls 10% étaient plantés de canne à sucre. Hormis quelques plans de café, le reste n’était pas défrichés », retrace Michel Charpentier, président des Naturalistes. En cause, le manque de main d’œuvre et de moyens financiers.

Ensuite, même si le transport de matériel et de marchandises se faisait par chaloupe, l’aménagement de pistes était nécessaire et la construction d’embarcadères, « un coût élevé, avec un retour sur investissement pas significatif. » Le cyclone de 1898 achèvera la filière en détruisant les champs de canne.

Comme dans beaucoup de territoires ultramarins, la période sucrière aura chamboulé les habitudes et la société mahoraise. L’apport de technologie sur un territoire où l’on ne maniait que le chombo, « des machines à la pointe de la technologie arrivent d’Angleterre, d’Allemagne ou de France, c’est un basculement fantastique », l’apport conséquent de main-d’œuvre, « 4.000 travailleurs engagés arrivent des Comores et de la côte mozambicaine, ces derniers se fixant sur le territoire » et enfin, la construction de bâtiments en dur, « pour les logements et les usines. A cette époque, n’existaient que deux bâtiments en dur, la mosquée de Tsingoni et la résidence du sultan à Dzaoudzi. » Sans compter les pistes et les moyens de communication terrestres.

Chaudière et machines de l’usine sucrière de Miréréni

Pour ces Journées européennes du patrimoine, deux vestiges d’usine sont proposés aux visites. Celui de Miréréni remarquablement mis en valeur par la mairie de Chirongui, et celui de Koungou… remarquablement pas mis en valeur par la commune, « l’usine est en retrait et cachée par un arbre ». Sis à l’emplacement du futur lycée professionnel, il faut en sauver les meubles, en l’occurrence du matériel et des machines, « mais on ne sait pas qui pourrait les stocker. Sur une île au fort patrimoine immatériel, le peu qui est matériel doit être valorisé. »

Les visites se feront les samedis et dimanche de 9h à 17h, selon le Programme JEP Mayotte 2019 BD

Anne Perzo-Lafond

 

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