Les déchets professionnels : de la sensibilisation à la sanction

Les grosses poubelles collectives font des envieux auprès des commerçants et entreprises. Beaucoup s’accaparent et saturent ces points de collecte destinés aux particuliers. Une sensibilisation est en cours… avant le bâton !

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Les déchets des entreprises se mêlent en tas à ceux des particuliers, à deux pas du conseil départemental

La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) organisait une nouvelle matinale sur la gestion de leurs déchets par les entreprises, notamment dans le cadre d’une convention signée avec la communauté d’agglomération CADEMA. Intitulée « Les entreprises responsables de leurs déchets : règlementations, sanctions, solutions », la matinale rassemblait des commerçants et des entreprises, les opérateurs de collecte des déchets que sont la STAR, Enzo recyclage, Maoré Assainissement Propreté (MAP) et DIGO, spécialisé dans les huiles de friture usagées, et la DEAL et l’ADEME pour tout ce qui est réglementation.

« Toutes les entreprises mahoraises doivent pouvoir justifier d’une bonne gestion de leurs déchets. Celles qui ne le font pas introduisent une distorsion de concurrence vis à vis des autres qui supportent les coûts de collecte, et créent un poids financiers pour la collectivité qui doit s’en charger », expliquait Laurent Georgeault, responsable du développement durable à la CCI, sans oublier l’insalubrité.
Car si les collectivités ont mis désormais en place des bacs de collecte réservés aux particuliers, ils sont souvent pris d’assaut par les professionnels, saturant rapidement la capacité.

Payer pour des déchets… difficile à avaler

Émetteurs et collecteurs de déchets autour d’une table à la CCI

Il faut dire que nous sommes passés en 6 ans, de décharges à ciel ouvert où tout un chacun venait décharger ses déchets ménagers et encombrants, à un système organisé, depuis les quais de transfert, l’Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux (ISDND) de Dzoumogné. Et les professionnels ont été amenés à mettre la main à la poche pour participer à la collecte et au traitement des déchets. Pourtant, encore beaucoup le contournent, notamment par méconnaissance des coûts.

En métropole, tout n’est pas encore abouti, « le gouvernement réfléchit à rendre gratuit la collecte des déchets des BTP ».

« Si je suis un petit douka, et il y en a environ 3.000 ressortissants de la CCI, et que je dois évacuer 20kg de carton par mois. Combien je vais devoir payer ? », s’enquiert Laurent Georgeault, histoire de faire dans le concret. « Environ 50 euros par mois », estime en retour le chef d’exploitation d’Enzo. Pas énorme, mais d’autres déchets sont aussi à prendre en compte.

Des problèmes de récupération de certains « flux », de certains déchets, se posent, c’est notamment le cas pour le bois, ou pour les batteries, d’une grande nocivité pour l’environnement. Enzo assurait qu’une commande de bacs de récupération est en cours, et donnait une explication des problèmes de collecte, « pour plusieurs types de déchets, notamment les produits dangereux, nous devons atteindre un certain volume avant d’exporter, ce qui provoque des problèmes de stockage. »

La brigade anti-déchets de Mamoudzou en action

Les agents de la Brigade de lutte contre l’insalubrité de Mamoudzou

Les collectivités s’adressent elles, aux commerçants et entreprises, en leur demandant de se mettre en règle. Charlotte Vergès, Responsable gestion des déchets à la CADEMA en fait même son « cheval de bataille » : « Les déchets des entreprises, c’est un gros problème pour nous. Face à leur amoncellement sur la voie publique, à côté des bacs de collecte qu’elles contribuent à saturer, nous avons décidé de sensibiliser dans un premier temps, puis de sanctionner ». L’abreuvoir à biquette en plein centre de Kawéni en est un exemple flagrant, avec des tas de déchets entreposés en toute illégalité.

Un plan de bataille a donc été mis sur pied, avec le recrutement d’une Brigade de lutte contre l’insalubrité, que nous avions rencontrée. « Quatre agents sensibilisent actuellement, puis vont contrôler le certificat d’élimination des déchets, que doit présenter chaque professionnel, pour enfin sanctionner les réfractaires. »

Les commerçants doivent se mettre en contact avec les collecteurs pour connaître la fréquence de passage, « et entretemps, stocker les déchets chez eux ». Les petits peuvent s’organiser pour mutualiser leurs moyens et ainsi optimiser les coûts.

Des pénalités sont prévues au code de l’environnement, mais avant d’actionner cet ultime couperet, les acteurs espèrent une prise de conscience générale.

Anne Perzo-Lafond

1 COMMENTAIRE

  1. la meilleure façon de lutter contre les déchets c’est d’éviter autant que possible d’en produire. Je vois très souvent dans les supermarchés des tomates, des cerises, raisins et autres fruits légumes importés vendus en barquettes plastiques alors qu’ils pourraient être vendus en vrac et au poids. Pourquoi ne pas taxer ce genre de pratique ? L’argent récolté servirait à soutenir la production locale respectueuse de l’environnement

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