Ça se calme du côté de l’intensité des séismes… pas des découvertes dont l’impact va être étudié

Le Réseau d’observation REVOSIMA annoncé par la ministre Girardin fin août, remplit son office, à raison de deux bulletins par mois. Le long de 18 pages, les récentes observations et les analyses sont abondamment fournies. Notamment sur des émanations de gaz prés de la piste d’aéroport.

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Différentes émanations de gaz sur Petite Terre, notamment proches de la piste d'aéroport au sud-Est

1.147, c’est le nombre de séismes enregistré par le nouveau réseau REVOSIMA, le Réseau de surveillance Volcanologique et Sismologique de Mayotte en août, environ 500 en deux semaines, rythme conservé en septembre avec 506 séismes à l’affiche du 1er au 15, soit 18 par jour. Si en août, 4 étaient de magnitude supérieure à 4, dont celui du 30 août de 4,9, ils ont baissé d’intensité sur les 15 premiers jours de septembre puisqu’ils ont tous été à moins de 4.

Au niveau du phénomène, peu d’évolution notable, indique ce 4ème bulletin. L’éruption sous-marine est toujours en cours à 50-60km à l’Est de Mayotte, « avec sismicité et déformations associées. »

L’activité sismique est toujours concentrée à 5-15km de Petite Terre, « voire sous Petite Terre », avec une évaluation de la profondeur affinée, à 19-56 km. La sismicité est notée plus faible en nombre et en énergie, toujours enregistrée à 5 km à l’Est de Petite Terre. Le risque de subsidence (affaissement de l’île) semble s’être « stabilisé sur certaines stations », un paramètre « à confirmer dans le futur ».

Ça sent l’œuf pourri au large de l’aéroport

Schéma d’une vidange de la chambre magmatique qui alimente le volcan

Une nouveauté a été mise en évidence par les inondations du 31 août : « Des dégagements gazeux au nord-ouest de la piste de l’aéroport de Petite Terre », informe le REVOSIMA. Qui en profite pour faire le point dans son dernier bulletin sur l’ensemble des observations de dégagements gazeux, à dominante de dioxyde de carbone (CO2). Avec pour la 1ère fois un dégagement de H2S, du sulfure d’hydrogène, gaz inflammable, reconnaissable pour son odeur d’œuf pourri, détecté « dans le secteur de plus éloigné de la côte sur le platier de la plage à l’Est de l’aéroport. » Par rapport à ces derniers, les flux gazeux à terre sont deux fois moins importants.

Le géographe Saïd Saïd Hachim avait d’ailleurs capté dans une vidéo ces émanations lors de la forte marée envahissant la piste d’aéroport le 31 août. Visionner l’extrait vidéo :

De nombreuses données nouvelles ont été enregistrées par les 6 stations électromagnétiques déployées en mai 2019 sur Petite Terre (2) et dans le lagon (4), dont un « conducteur électrique en surface », qui serait expliqué par la présence d’un réservoir magmatique.

L’ensemble des observations, qui ne s’adressent pas aux profanes, feront l’objet de « travaux approfondis pour améliorer l’évaluation des aléas et des risques induits pour Mayotte

En revanche, cela s’éclaircit du côté d’une absence de corrélation systématique entre séismes et diffusion de lave. Pour de nombreuses éruptions, on note une diminution de la diffusion de l’énergie sismique, « malgré la poursuite de la propagation du magma à faible profondeur et son émission en surface. Ceci témoigne d’un milieu déjà fragilisé et fracturé moins sismogène. » En clair, étant donné que la lave s’est déjà frayée un chemin, elle continue à l’emprunter sans que cela ne donne lieu à des séismes.

Lire revosima_bull_04

Anne Perzo-Lafond

 

 

 

 

 

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