Sida : signature de la déclaration de Paris pour relancer celle de Mayotte

Le Sida sévit particulièrement en outre-mer, où le combat nécessite des mesures fortes, en témoigne un colloque ce mardi 1er octobre à Paris. Des progrès ont été faits sur la prise en charge des malades à Mayotte, pas sur la prévention.

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Les CCAS avaient affiché un ruban rouge en 2017. Ici celui de Bandraboua

Mayotte était largement présente au Colloque « Les outre-mer en pointe ? Vaincre le VIH et l’Hépatite C d’ici 2025 » qui s’est tenu ce 1er octobre à Paris. Avec notamment la participation à une table ronde de Moncef Mouhoudhoire, directeur de l’association Nariké M’sada, et la signature par Issa Abdou, Vice-président du département en charge de l’action sociale et la santé, de la déclaration de Paris. A cette occasion, le département de Mayotte s’apprête à rejoindre l’initiative mondiale des territoires engagés contre le sida ou Fast Track Cities initiative.

De leur côté, les maires de Mayotte se sont déjà engagés une première fois, comme nous l’explique Moncef Mouhoudhoire : « Nos élus communaux ont déjà signé en novembre 2018 la déclaration de Mayotte, largement inspirée de la déclaration de Paris. Ils s’engageaient notamment à favoriser l’accès aux préservatifs dans leurs communes, et à mener une campagne par an. »

Pour l’instant, sans grands effets… Ce dont il convient : « La mobilisation de tous les élus était déjà un challenge, nous avons mis deux ans à les convaincre. Maintenant nous travaillons avec leurs équipes techniques pour traduire tout ça sur le terrain. En faisant notamment appel aux Centres Communaux d’Action Sociale ». S’ils sont encore inégalement actifs, ces CCAS sont un des engagements de la déclaration de Mayotte, « nous nous doterons d’une politique sociale locale qui contribuera à réduire la précarité sociale dans nos communes afin d’éviter que celle-ci ne constitue un facteur de propagation. »

Deux bonnes notes sur trois

Moncef Mouhoudhoire: « Nous avons atteint deux des objectifs de la déclaration de Paris »

La déclaration de Paris est autrement plus contraignante, avec comme objectif les trois 90 de l’ONUSIDA. A savoir que d’ici 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur séropositivité, 90 % des personnes conscientes de leur séropositivité au VIH soient sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable, ce qui permettra de les maintenir en bonne santé et de réduire le risque de transmission du VIH.

A Mayotte plus qu’ailleurs, le problème reste le dépistage, plus facile vers les femmes dans le cadre de leur suivi de grossesse, « nous suivons actuellement 294 personnes atteintes du virus du Sida, dont 62% de femmes. » Mais le travail paie malgré tout, puisque que nous avons atteint deux des « 90 » : « A Mayotte, c’est même plus de 90% des personnes déclarées comme séropositives qui ont accès aux soins, on peut dire 100%, et 90% des dépistées ont une charge virale indétectable, c’est à dire qu’elles ne transmettent pas le virus si elles ont un rapport non protégé. Mais nous pêchons toujours sur le premier 90%, encore beaucoup de personnes vivant avec le virus ne sont pas dépistées. Il faut accentuer la sensibilisation. »

La prévention sur quatre roues

Cumulant les deux casquettes de monsieur social et monsieur santé du territoire, en tant que président du CHM, Issa Issa Abdou, réagit à notre constat d’absence d’actions préventives pourtant inscrites à la déclaration de Mayotte : « Nous avons quand même incité à la mise en place des CCAS, de l’accueil inconditionnel, et également, d’un laboratoire d’analyse à Dembéni. Le Centre départemental d’accès aux droits comporte aussi un volet prévention des maladies sexuellement transmissibles. » Quant à la mise en place de bornes de distribution gratuite de préservatifs, comme cela avait été tenté par le passé, le département peut être un accompagnant. « La signature de la déclaration de Paris devrait nous faire prendre conscience d’une accélération nécessaire sur la prévention. »

Et Paris reste un exemple encourageant, comme le rapporte Moncef Mouhoudhoir, « c’est la ville de France la plus touchée, or pour la première fois les chiffres de la contamination ont chuté ». En raison d’un dépistage mieux rodé, « mais aussi du traitement pré-exposition ». La PrEP est une nouvelle méthode de prévention qui propose un médicament contre l’infection aux hommes et femmes exposés par leurs pratiques à risque. « Nous l’utilisons timidement à Mayotte, car elle nécessite un suivi continu ».

Mais des efforts sont aussi en cours chez nous : « Nous allons accentuer la proximité d’utilisation du test rapide pour les personnes qui ne peuvent se déplacer facilement vers l’hôpital. » Grâce à un don de son bus itinérant par le REPEMA, le Réseau périnatal de Mayotte, nous allons sillonner l’île, particulièrement lors de la semaine du dépistage du 25 novembre au 1er décembre 2019. »

Anne Perzo-Lafond

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