La raison d’être du jeune Réseau rural mahorais est d’accompagner les porteurs de projets consommateurs du FEADER, le Fonds européen Agricole pour le Développement rural. Une AG importante, qui tombe « en fin de programmation européenne 2014-2020 », faisait remarquer la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF).
Alors qu’une commission sénatoriale pointait cette semaine une large sous-consommation des fonds européens à Mayotte, le FEADER d’un montant de 63.000 euros, ne fait pas trop grise mine, « nous avons attribué 70% de l’enveloppe aux porteurs de projets, indiquait Bertrand Wybrecht, directeur de la DAAF. Seulement 27% ont été payés, soit 16,3 millions d’euros, mais cela permet d’éviter in extremis le dégagement d’office, fixé sous la barre des 15 millions, et la perte de fonds sur la prochaine enveloppe.
Pour y arriver, des infrastructures pas spécialement agricoles ont été financées, mais avancées comme étant en zone rurale, ouf ! On trouve ainsi la médiathèque de Chirongui et celle de Bandrélé. Cette commune a également réussi à structurer des projets agricoles, comme le marché de Hamouro ou le futur musée du sel, également le sentier des crêtes.
« Pas de préfinancement sans reins solides »
Le constat montre qu’il est toujours difficile à Mayotte de faire émerger des projets agricoles finançables par l’Europe, et une mission menée en 2013 par l’eurodéputé Tirolien avait émis des réticences face à un secteur peu structuré, ce que le président de la CAPAM, Saïd Anthoumani, nous traduit par, « nous avons au moins 20 ans de retard, nous ne pouvons pas préfinancer de projet sans avoir des reins solides. » Le préfinancement est une demande récurrente portée sur l’ensemble des acteurs des fonds européens, il faudra bien trouver une solution pour le rendre compatible avec les exigences Bruxelloises.
Réjouissons nous malgré tout, car sur le plan national, la décentralisation des fonds européens aux régions a considérablement freiné leur consommation. Sur les 700 millions d’euros alloués à la France, seuls 3% étaient dépensés en janvier dernier.
Extinction du zébu
Dans ce contexte, le Réseau rural ne s’en sort pas mal du tout donc, en étant parvenu à remplir le plupart de ses missions. La viabilisation des exploitations agricoles a bénéficié de 38% de l’enveloppe européenne, la promotion de l’inclusion sociale et le développement économique de 31%, la restauration et la préservation des écosystèmes de 18% et la promotion et l’organisation de la chaîne alimentaire, de 11%. Cette dernière porte beaucoup de perspectives, notamment dans le cadre des constructions des futures cantines, « nous pouvons y adjoindre d’autres programmes européens, pour arriver à des initiatives intéressantes comme des cantines entièrement bio, cela s’est fait en métropole, sans exploser les budgets », remarquait David Armellini, Animateur du réseau rural national.
Pour y arriver, il va falloir mettre en contact des acteurs d’horizons différents, « c’est un de nos objectifs, mais il doivent se faire connaître*, invitait Cécile Morelli, animatrice du Réseau depuis sa création à Mayotte en 2016. Ont notamment été organisées des tables rondes sur l’agriculture biologique, sur une marque de territoire ou sur la transformation agroalimentaire. Et un travail conséquent a été mené sur la professionnalisation de trois filières, fruits, vanille et cocoteraie.
Une étude a été menée sur l’existence d’une race de zébu locale, « nous avons mis en avant le risque de son extinction sans gestion rigoureuse des croisements », soulignait Florence Caniparoli, Chargée d’animation au RR976. Notamment, avec les montbéliardes en provenance de l’Hexagone.
Enfin, le jeune RR de Mayotte est pris dans le tourbillon d’une réforme impulsée par l’Europe de bascule vers un Réseau PAC, pour Politique agricole commune, et s’est rendu à une rencontre à Poitiers en septembre dernier, « un sujet qui enflamme les débats nationaux », témoignait David Armellini.
Anne Perzo-Lafond
* Contact: cecile.morelli@educagri.fr ou 06.39.19.16.93