Tribunal : pour les trois évadés, pas d’audience faute à la visioconférence

Ils étaient quatre à avoir franchi l’enceinte du centre pénitentiaire de Majicavo en juin 2017. Trois ont été repris, et devaient être jugés ce mercredi, dont l’un depuis La Réunion. Mais il fallait compter avec la capacité d’utiliser la visio-transmission.

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Une salle d'audience bien équipée en écrans, mais pas en techniciens

La fracture numérique ne touche pas toujours les plus démunis. Ce mercredi matin devaient être jugés trois individus particulièrement dangereux, qui s’étaient évadés de la prison de Majicavo en juin 2017.

Ils étaient quatre à se faire la belle ce dimanche 25 juin 2017. L’un d’entre eux avait été rapidement rattrapé par le personnel pénitentiaire, à proximité de la prison. Il s’était gravement blessé en franchissant l’enceinte. Un vaste dispositif avait été déployé par la gendarmerie pour récupérer les trois autres, une dizaine de patrouilles, dont les équipes cynophiles, ainsi que la section aérienne. Qui avait permi d’en interpeller un deuxième. Un troisème avait pu être plus tard remis derrière les barreaux. Un mandat d’arrêt est toujours en cours pour le 4ème.

Il se voile la face

Ils étaient parvenu à franchir l’enceinte de la prison de Majicavo

Les trois évadés étaient donc jugés ce mercredi. Deux sont arrivés menottés entre cinq gendarmes au tribunal de Mamoudzou, en attente d’être jugés pour crime aux Assises. Le troisième, incarcéré à La Réunion, devait bénéficier de la visioconférence pour suivre les échanges. Seulement voilà, si les trois magnifiques écrans retransmettaient bien la salle où O. était assis, lui n’avait pas de retour de Mayotte, il ne pouvait qu’entendre les trois juges et le procureur, sans les apercevoir. Le verbe haut, il lâchait en shimaoré, « je ne parlerai pas tant que je ne vois pas l’image des juges, et puisque je ne vous vois pas, je ne veux pas que vous aperceviez mon visage ! », joignant le geste à la parole, il se couvrait le visage de son tee-shirt.

Pas de technicien au sein de la salle d’audience de chaque côté, et malgré les efforts d’une des assesseurs se joignant à la gréffière, impossible d’activer la caméra de la salle, et le juge Daniel Rodriguez baissait pavillon, « on peut peut-être essayer de juger les deux présents », tentait-il. Le parquet ne l’entendait pas de cette oreille, « c’est impossible, il s’agit de la même affaire d’évasion », pour Tarik Belamiri.

Bilan : trois extractions pour rien, alors qu’on nous assure que l’isolement géographique de Mayotte, est atténué par le numérique.

En apprenant que l’affaire était renvoyée au 20 novembre, l’énervement allait crescendo chez A., l’un des deux prévenus présents, « s’il vous plaît, jugez-nous, on en a marre d’être enfermés ! » Le juge Rodriguez lui faisait remarquer qu’il était en prison pour une autre affaire, qui doit l’amener aux Assises pour des faits antérieurs à l’évasion. « Puisque c’est renvoyé, je ne veux plus être extrait ! », lâchait-il.

A.P-L.

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