La différence entre séances plénière et permanente est mince. La première doit se tenir une fois par trimestre, et permet de voter les décisions relatives aux compétences du département, alors que la commission permanente se réunit une fois par mois, sans public ni presse, et traite des affaires courantes. Ce contexte proche du huis clos est tentant lorsqu’il s’agit de voter des décisions contestables, comme l’achat d’un hôtel particulier dans le 16ème… Mais ce n’est pas le cas cette fois-ci. A peine se sont-ils voté l’attribution de tablettes, justifié par une dématérialisation des délibérations.
Parmi la soixantaine de rapports, plusieurs concrétisations d’engagement sur le plan social, on pense notamment à l’indispensable Plan Pauvreté de un million d’euros, qui avait fait suite à la visite d’Olivier Noblecourt, Délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes. Et il y a mieux, comme nous le détaille Issa Issa Abdou, vice-président en charge des ces questions au Département.
« Nous avions signé avec Annick Girardin la montée en puissance du Fonds de Développement Social, le FDS, cofinancé à part égale entre le Département et l’Etat de 5 millions d’euros. Ce sont donc 10 millions d’euros auxquels s’ajoute le million du Plan pauvreté. Ce dernier devait également être cofinancé, mais l’Etat l’a pris intégralement à sa charge ». Ces 11 millions d’euros seront reversés par la Direction de la jeunesse et de sports (DJSCS), notamment aux Centre Communaux d’Action sociale (CCAS) et à plusieurs associations œuvrant sur l’exclusion sociale.On y trouve le SAMU social ou les chantiers éducatifs de la Croix rouge, les dispositifs Point accueil écoute jeunes (PAEJ) ou de réunification familial, de Mlézi Maoré, ou la mobilité des personnes en grande précarité, portée par l’interco du Sud. Un travail mené de front par les services de l’action sociale du Département et ceux de la cohésion sociale à la préfecture.
Vers une convergences des points de vue sur les droits sociaux ?
Pour poursuivre sur les dotations aux associations, le conseil départemental poursuit sur sa compétence désormais endossée dans le domaine de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), en attribuant 2,8 millions d’euros. Sont notamment destinataires Mlézi Maoré, de l’UREPS, l’UDAF, Solidarité Mayotte, Village d’Eva, Apprentis d’Auteuil, association Coup de pouce, etc.
Au milieu de la foule de rapports se cache un simple avis, qui peut pourtant rapporter gros. « On nous a demandé de nous prononcer sur l’alignement et la convergence de droits sociaux. » Le « on », c’est l’Etat. Une telle demande à quelques jours de la visite d’Emmanuel Macron, peut être vu comme un signe encourageant.
Pour mémoire, les retraites à Mayotte sont bloquées par le plafond de la Sécurité sociale, à un peu plus de la moitié de celles de métropole. Et encore, pour ceux qui ont effectué une carrière complète, ce qui est loin d’être la majorité ici. Le montant moyen des retraites est de 400 euros environ. UN calendrier de rattrapage avait été établi, avec convergence totale en 2036… Trop lointain, et la question avait été abordée lors de la visite d’Annick Girardin en avril 2019, « nous travaillons avec le sénateur Thani Mohamed Soilihi et la députée Ramlati Ali qui ont fait remarquer que la convergence des cotisations était plus rapide que celles des droits. Si cela se vérifie, nous accélérerons », avait indiqué la ministre des Outre-mer. De son côté, Issa Abdou a rencontré Stanislas Cazelles, conseiller Outre-mer à l’Elysée, « je lui ai rapporté que nous voulons y voir clair à un horizon raisonnable ».
On peut penser que le sujet sera abordé par le président lors de sa visite.
Anne Perzo-Lafond