Les mesures du Plan Taquet de protection de l’enfance en décalage avec la réalité Mahoraise

Lundi, le secrétaire d’Etat à la protection de l’Enfance, Adrien Taquet, a dévoilé sa stratégie nationale. Si les annonces avaient semblé enthousiasmantes en janvier dernier, comme nous l’avions rapporté, selon Issa Issa Abdou, vice-président chargé de l’action sociale, il faut une déclinaison plus proche de l’urgence mahoraise.

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Issa Issa Abdou lors des rencontres de la Protection de l'enfance en 2018

C’était un plan attendu par les associations de protection de l’enfance sur l’ensemble du territoire national. Il porte l’action sur les situations vécues en amont et en aval de l’enfant en difficulté. « Avant de se dire ‘il faut placer des enfants’, essayons de mieux accompagner les parents », avait indiqué le secrétaire d’Etat, qui préconise deux axes dans son Plan national de Protection de l’enfance 2020-2022 : la prévention avant la naissance, avec la mise en place d’entretiens prénataux notamment, et un suivi accru de la période postnatale. Également, un développement et la généralisation sur le territoire des différentes structures de protection de l’enfance.

Parmi les mesures : rendre obligatoire l’entretien prénatal précoce, installer psychologue et psychomotricienne dans les PMI, les Protections maternelles et Infantiles du Département, doubler le nombre de relais parentaux qui accueillent les enfants en difficulté dans leurs familles, renforcer la Cellule d’Informations préoccupantes, etc. Des mesures très bénéfiques pour Mayotte, alors où ça pêche ?

Appliquer une note 5.0 au plan Taquet

Le plan met l’accent sur la prévention et le suivi en PMI, ici visité par Annick Girardin

« Avant même de mettre en place l’accompagnement prénatal, nous avons d’autres soucis plus urgents ici. Nous avions tenté d’anticiper sur ce plan en travaillant avec le CNPE, le Conseil national de la protection de l’enfance (Lire Projet avis CNPE OM 071019), notamment en demandant qu’il y ait un référent Mayotte, et pas seulement Guyanais. L’objectif était d’émettre un avis plus spécifique aux Outre-mer sur le plan Taquet », des préconisations qui n’ont pas été prises en compte selon Issa Abdou.

Il s’agissait de la prise en charge de la fratrie, de la continuité et de la stabilité des parcours, de développer les réponses de l’accueil. Mais l’échelle des outre-mer est encore trop haute pour mailler les problèmes de Mayotte.

Car ici comme en Guyane, le plus vital reste la prise en charge des mineurs non accompagnés : « Toutes les mesures développées sont très bonnes prises dans leur globalité, mais nous avons toujours comme première problématique l’engorgement des services par des arrivées massives sur le territoire en amont. Et, en aval, celle de faire jouer la solidarité nationale pour la prise en charge physique de ces mineurs. Je répète que l’intérêt supérieur de l’enfant est de retrouver sa famille biologique, le reste devient secondaire. »

Il invite Annick Girardin à décliner sa trajectoire 5.0* au plan Taquet. On parle ici du 4ème point, le Zéro exclusion dans les sociétés ultramarines.

Anne Perzo-Lafond

* La trajectoire 5.0 de la ministre des outre-mer :
1. Zéro carbone : des territoires « bas carbone » ;
2. Zéro déchet : des sociétés économes, voire préservatrices des ressources ;
3. Zéro polluant agricole : des populations protégées des pollutions et des substances chimiques ;
4. Zéro exclusion : des sociétés inclusives luttant contre toute forme d’exclusion ;
5. Zéro vulnérabilité : des territoires résilients face au changement climatique et aux risques naturels.

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