Mohamed Ali Hamid, président de la CCI Mayotte, ne cache pas sa fierté. En plus d’inaugurer ses nouveaux locaux, lesquels abritent aussi un hôtel d’entreprise accueillant déjà une demi-douzaine de sociétés, il a ce lundi accueilli le président national du réseau des CCI de France Pierre Goguet. Une première pour Mayotte assure-t-il.
En plus de l’hôtel d’entreprises, la CCI accueille aussi un « point A », pour « apprentissage ». « Il s’agit d’un lieu d’accueil des jeunes pour les aider à construire leur avenir », explique Mohamed Ali Hamid. Une paire d’années à peine après l’ouverture de la maison des entreprises à Mamoudzou, et trois ans après une mauvaise passe qui avait nécessité le placement de la CCI sous contrôle préfectoral, la chambre de commerce de Mayotte rebondit, et le président national s’en dit « impressionné ». « J’ai été impressionné par le nombre et la densité des actions lancées, cette CCI est dans une vraie dynamique territoriale, grâce au Conseil départemental, à l’Etat etc. Ils ont bien compris que la vie de la CCI, c’est la vie de tout l’écosystème économique, et c’est l’emploi ».
L’emploi, et en particulier celui des jeunes. Avec le Point A, les jeunes qui pousseront la porte trouveront des conseillers d’orientation. « On essaye d’orienter selon les goûts et les expériences pour choisir ce qui peut aller le mieux, puis choisir l’entreprise où vous serez le mieux accueilli » explique Pierre Goguet. Une pratique qui est depuis longtemps une spécialité des autres CCI de France, et pour laquelle le président revendique une efficacité certaine. Avec cette « interface entre le jeune et l’entreprise », le taux de rupture est inférieur à 10% « plus de 90% des contrats d’apprentissages » passant par la CCI « vont à leur terme » assure Pierre Goguet. « Mais ça ne s’arrête pas là » reprend-il. La CCI ambitionne aussi d’aider à l’orientation bien plus tôt, dès les stages de classe de 3e. « En 3e, les élèves passent une semaine en entreprise. Nous, on voudrait que le jeune puisse découvrir trois ou quatre entreprises, ça lui donne plus de chances de découvrir ce qu’il veut faire ».
Une action vers la jeunesse donc, mais pas que. « On va aussi vers les collectivités territoriales. En effet, c’est aussi le rôle des CCI de faire vivre les centre-ville, autour de niches, de produits du terroir etc. La dynamique du commerce est corrélée à l’attractivité de la ville. »
En plus de l’inauguration, les deux présidents, celui de la CCI Mayotte et celui des CCI de France, ont signé avec le sous-préfet en charge des affaires économiques (Sgar) une convention d’objectifs et de moyens (COM), qui définit les projets de la CCI Mayotte. Y figure la futur technopole de Dembéni, « pierre angulaire du développement de notre territoire » mais aussi un projet de nouveau ponton de plaisance à Mamoudzou, dont les plans ne sont pas encore publiés. « Ce qui manquait à ce territoire, c’est l’ambition, et à la CCI nous en avons à revendre » assure Mohamed ALi Hamid.
Au final le président national aura peu parlé de Mayotte, mais beaucoup du réseau des CCI et de leur rôle partout en France, avec le souhait de faire connaître « au grand public » ces structures tournées vers les entrepreneurs. « Les CCI ont toujours fait beaucoup, mais ne le faisaient pas savoir, elles doivent se mettre en mode reportage » estime-t-il. L’enjeu, c’est de développer le numérique au service de la proximité.
Une communication large donc, à quelques heures de l’arrivée du président de la République. Interrogé sur un message ou une demande que le manitou des CCI aurait à transmettre à Emmanuel Macron, celui-ci sourit. « Pas besoin de lui répéter, il le sait déjà, si on ne voit rien venir, on frappera à sa porte » conclut-il.
Y.D.