À la demande du Ministère en charge de l’Énergie, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) avait lancé en mai 2017 deux appels d’offres visant à développer des projets d’installations photovoltaïques dans les zones non interconnectées. Plus de deux ans après, les résultats viennent de tomber.
On se souvient que le premier projet de stockage d’électricité s’était donné de grands airs. « Opéra », c’était son nom, pour « Opération pilote énergies renouvelables », prévoyait que en cas de chute de l’alimentation par le photovoltaïque, une pile géante prenne le relai pendant une trentaine de minutes en injectant jusqu’à 3 mégawatts dans le réseau électrique. Elle laissait donc le temps aux centrales thermiques «classiques» de se mettre en route. Ainsi, si un nuage passe sur les centrales solaires, le réseau électrique ne s’effondre pas dans un black-out, les énergies renouvelables et fossiles se passant le relai en douceur. La stabilité du réseau électrique est donc garantie. Et il est donc possible de développer ce mode d’énergie alternative.
Un mix soumis aux cordons de la bourse
Mais voilà, sa réalisation était suspendue à une modification de la réglementation actuelle qui lui permettrait d’être éligible à la compensation des surcoûts de production de l’énergie (CSPE).
C’est la CRE qui tenait les cordons de la bourse, et qui vient donc de se délier. Nous allons peut-être pouvoir dépasser les 5% de mix énergétique alors que nous sommes attendus sur un taux de 50% l’année prochaine !
La CRE a retenu deux dossiers, sur les 17 déposés, pour une puissance totale d’environ 11 mégawatts. Ces infrastructures devraient permettre de réduire de 6100 tonnes par an les émissions de CO2 du secteur thermique de l’île. Ils sont portés par Total Solar, filiale à 100% du pétrolier, pour « Longoni Stockage I », et par Albioma Services réseau, spécialiste de l’énergie renouvelable outre-mer, pour « ASR Mayotte RC ».
Les charges de service public supportées par la société EDM au titre de ces deux contrats seront donc compensées. Elles représenteront 33,1 millions d’euros sur la durée de vie des projets. La CRE a estimé les surcoûts de production évités par ces projets sur leur durée de vie à environ 72,3 millions d’euros, ce qui permet une économie nette de charges de Service Public de l’Électricité de 39,2 millions d’euros sur les 25 années à venir.
Anne Perzo-Lafond