On avait bien une idée de thème national et même mondial pour la Fête de la science : notre volcan ! Puisqu’on nous explique qu’il s’agit d’un phénomène « inédit », selon le propre terme d’Eric Humler, directeur adjoint scientifique de l’Institut national des sciences de l’Univers du Centre national de la recherche scientifique qui a été responsable du programme Tellus Mayotte. Ainsi, en juillet dernier sur lemonde.fr, il expliquait que « ce phénomène ne peut être relié à aucune forme de volcanisme connu. Le fait que l’on note un alignement entre le volcan actif, les petits volcans éteints, les essaims de séisme et les émanations de gaz de l’île de Petite-Terre constitue certainement un indice. Mais, il nous faudra beaucoup travailler avant d’être en mesure de fournir une explication (…) C’est sans doute la première fois que l’on assiste en direct à l’apparition d’un volcan sous-marin ».
Oups ! Mais nous venons de parler science sans le vouloir, et même d’en évoquer les différentes démarches que rappelait Abel Hiol, Délégué régional à la recherche et à la Technologie (DRRT) La Réunion-Mayotte, ce mercredi après-midi au lycée Bamana, « la capacité d’observer, celle d’expérimenter, puis de douter, de questionner ce qu’on a trouvé ». Pas de doute, la fête de la science est bien lancée !
La science participative en avant-première
Et évidemment à Mayotte, elle prend un côté roots faute de grand laboratoire d’analyse reconnu, comme le soulignait Gilles Halbout, le vice-recteur qui nous arrive rappelons le de Montpellier, « capitale mondiale de la biodiversité ». Car c’est ce thème qui est finalement retenu sur le plan national. « Faute de fleur de lys, on eut la pâquerette », chantait Brassens, donc faute de labo à Mayotte, le vice-rectorat a misé une nouvelle fois sur la créativité de tous, « élèves et enseignants ont œuvré de concert dans l’esprit de sciences participatives. C’est un concept naissant en métropole, on a un coup d’avance donc à Mayotte. »
Et on est loin donc de la maxime « contre mauvaise fortune bon cœur », puisqu’il apparaît plus profitable en effet que les élèves manipulent des matières premières, végétales ou animales, pour fabriquer des produits comme des insecticides ou des fongicides naturels, comme ce sera le cas au lycée agricole de Coconi le 6 novembre, plutôt que de bailler en visitant une usine qui en fabrique.
La Fête de la science a donc un côté passionnel, on se souvient du four solaire fabriqué par les élèves du lycée de Kahani, « on peut y rencontrer l’émotion », relatait le préfet Jean-François Colombet, dans l’idée de désintellectualiser le concept, que chaque habitant peut s’approprier. Ils ne pourront pas se rendre à toutes les actions, mais trois moments forts sont inscrits à l’agenda, rapportait Laurent Souchard, Inspecteur d’académie de maths.
Grand colloque sur les maths
Mercredi 13 novembre au lycée polyvalent de Kawéni, de 13h à 19h, des ateliers porteront sur l’énergie solaire, la biodiversité par les plantes à Mayotte ou la modélisation de la reproduction animale.
Vendredi 15 novembre au collège de Kwalé, de 13h à 19h, un colloque de mathématiques, débutera par l’inauguration du laboratoire de mathématiques, et se poursuivra par des conférences alléchantes, notamment sur « le jeu dans l’enseignement des mathématiques », « l’apprentissage des résolutions de problèmes à l’école élémentaire à Mayotte », avec un focus qui promet d’être d’actualité sur « les mathématiques et le choix collectif », par un certain Gilles Halbout.
Le samedi 16 novembre, de 8h à 16h, le lycée de Mamoudzou Nord se transformera en Village de l’Energie, avec différentes thématiques, sur le changement climatique, Energie et biodiversité, les briques de terre compressée ou la mobilité durable dans le Grand Mamoudzou.
Qu’on se rassure, le vice-rectorat a malgré tout glissé le thème du volcan, qui sera abordé pendant toute la semaine au cours d’ateliers scientifiques par les élèves du collège Kawéni 2, les modalités de son étude, son devenir possible, avec même la création d’un jeu informatique sur le volcan de Mayotte. Les élèves du collège Boueni M’Titi de Labattoir, enquêteront de leur côté sur la perception de la montée des eaux par la population.
La présentation de l’édition 2019 s’est terminée sur des prestations de « Biodivertissons-nous », association créée par les élèves de Bamana, qui ont chanté « Amani », « La paix ».
Le programme de la fête de la science est à consulter ici.
Anne Perzo-Lafond