« Icibalao » ou comment apprendre à vivre ses rêves

La compagnie Presque Oui et ses trois musiciens conteurs, était à Mayotte cette semaine. Parce que leur public est composé d’enfants, il n’est pas trop tard. Pas trop tard pour leur dire de vivre leur rêve, et de ne pas se retrouver comme le grand-père de Nina qui s’est dit toute sa vie, « un jour, je ferai ça », et qui finalement n’aura rien tenté.

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La compagnie Presque Oui, pour vivre ici bas ses rêves de la haut

Nina ? C’est la copine d’école du petit Thibaud, celle qui l’invite à vivre ses rêves, à dépasser ses peurs : « Si tu sais rêver, tu sais voler, alors va dans ton ‘Icibalao’ » Un mot qui marie les deux pôles de notre corps humain, « les deux pieds dans la terre, j’ai plus qu’à rêver maintenant », « mais je ne veux pas comme le lilas, grandir, pourrir au même endroit ». C’est un conte musical qu’a composé Thibaud Defever, également guitariste, qui fait évoluer le petit garçon peureux qui n’a pas dépassé les limites de sa rue, au futur adolescent qui n’aura pas peur de « partir en fusée ou en avion » à la fin du spectacle.

Il aura fallu avant passer par l’expérience de la forêt la nuit, un classique des contes, avec écureuil espiègle et loup garou de rigueur, servis par de grosses touches d’humour de la batterie de Romain Delebarre et du trombone de Pierre Marescaux

Un public acquis grâce à une grande qualité d’interprétation

Si Nina est « no limit », c’est qu’elle n’a pas longtemps à vivre, « j’ai des fleurs dans mon sang », lance-t-elle à son copain d’aventure. On devine la chute, dure. Tout le monde est atteint par la mort de Nina, et l’exutoire par la batterie est le bienvenu.

Un parfum de Steve Waring, et de Boris Vian

On est à la fois dans une ambiance proche de Steve Waring, pour l’humour musicalement conté, du « Marin » de Souchon, « Le bleu qu’on met dans la vodka, ça nous rappelle, tous les ‘j’aurai-dû’ Y’avait-qu’à’ », mais aussi de Boris Vian, « L’écume des jours », Thibaud Defever s’en revendique d’ailleurs, et enfin de Tête en l’air d’Higelin, quand le presque ado de l’histoire, certain que le fantôme de Nina viendra le visiter à chaque fois qu’il sera heureux, chante « y’a des cigales dans les violons, des étoiles dans ma grand-voile ».

Thibaud Defever, conteur, acteur et musicien

Peu de monde et c’est dommage sur l’esplanade du Centre universitaire de Dembéni, pour danser avec l’ado délivré. Pendant la semaine, les jeunes de Chiconi ont pu assister à un spectacle, organisé par Del (Milatsika) qui a aussi convié la compagnie Presque Oui dans son école élémentaire de Majicavo Lamir.

Les élèves de Terminale option théâtre du lycée de Sada ont pu interviewer les acteurs-musiciens à l’issue de la représentation. Ils auront appris que le prénom de Nina est tiré d’une chanson italienne du XVIIIème siècle, « où l’héroïne ne se réveille pas », et que, malgré le passage dramatique, si l’humour et la poésie l’emportent, c’est que le spectacle est co-écrit par Thibaud Defever et la célèbre humoriste Sophie Forte.

La compagnie a pu venir grâce au partenariat entre l’association Hippocampus, Milatsika, le CUFR, et la DAC.

Une qualité de spectacle saluée en métropole, Premier prix du concours Le Mans Cité Chanson, Bravo des professionnels au festival Alors Chante !, Prix Raoul Breton 2012, Lauréat des Talents Adami musique jeune public 2016, et qui aurait mérité un prestation dans une salle de spectacle à Mayotte pour que tout le monde en profite.

Visionner Trio icibalao

Anne Perzo-Lafond

1 COMMENTAIRE

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