Le vibrant plaidoyer des lycéens de Sada sur la laïcité et la citoyenneté

La semaine de la laïcité s'est terminée sur des interventions brillantes de lycéens à Sada, devant un (vice)-recteur bluffé par tant de "maturité intellectuelle".

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Le concours d'affiche a révélé de belles inspirations

Laïcité et citoyenneté étaient au cœur du travail des lycéens de Mayotte cette semaine. Si les travaux ont commencé avec un jour de retard en raison du cyclone Belna, ils n’ont pas été moins riches. Affiches, poèmes et discours ont clôt la semaine par une remise de prix lors de laquelle les élèves primés ont partagé toute leur passion sur le sujet.

Des passions inspirés par des figures des droits civiques comme Martin Luther King dont le discours « I Have a Dream » a été cité plusieurs fois, notamment ce passage célèbre « vivons ensemble comme des frères ou mourrons ensemble comme des idiots ». Elisabeth Badinter a aussi inspiré une élève dans un discours empreint d’espérance et d’émotion. Tandis que l’un faisait habilement rimer « droits humains » et « égalité de chacun » dans un poème plébiscité par ses pairs, un autre appelait à « unir nos force pour un avenir qui nous rassemble, et nous permette d’avancer ensemble ».

Maila Mohamed a reçu le premier prix d’éloquence pour un discours brillant et vibrant

Une allocution en anglais, prononcée de mémoire a saisi les enseignants. « Recently a boy died before our eyes, let’s dream together and make a wonderful future for Mayotte » clamait le lycéen, faisant référence au jeune mort poignardé devant le lycée et appelant à bâtir un meilleur avenir pour l’île.

Le mot « laïcité n’existe qu’en français »

Mais le plus vibrant discours restera sans doute celui du premier prix d’éloquence Maila Mohamed qui rappelait que le mot « laïcité n’existe qu’en français », qu’on peut « être croyant et laïc ou athée et non laïc » et dans un virage assez politique, dénonçait ce que « invoquer la laïcité contre une seule religion, ce n’est pas de la laïcité mais du racisme ou de la discrimination » estimant que les lois récentes sur le voile ou les signes religieux à l’école « portent à confusion ». Ce qui a inspiré la jeune femme c’est de « voir que dans notre société, des gens ne supportent pas la différence, je ne supporte pas ça. Sans la laïcité, la vie n’aurait aucun sens » explique-t-elle les larmes aux yeux après un discours conclu en apothéose devant un amphithéâtre subjugué par son charisme.

Les élèves réunis dans l’amphithéâtre du lycée de Sada

Le presque recteur Gilles Halbout en sortait avec « beaucoup d’émotion », il saluait en effet « beaucoup de charisme mais aussi de maturité intellectuelle » après les prises de parole publiques des jeunes gens. « On peut voir ici de futures rectrices, de futures préfètes, c’est un incroyable d’être dans un territoire si longtemps oublié par la République française mais qui a si bien assimilé ses valeurs. Ce, tout en préservant sa culture, j’ai trouvé ça magnifique. J’en prends de la graine pour mes prochains discours ».

Y.D.

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