« On ne sait plus quoi faire pour vous demander que la sécurité revienne, et quand on manifeste, vous nous agressez ! » La revendication est la même dans toutes les bouches des lycéens qui s’adressent aux policiers ce vendredi matin. Avec plus ou moins de diplomatie.
Ils nous expliquent l’événement déclencheur : « Un jeune arrivant de Vahibé s’est fait agresser à 5h du matin en descendant du bus. Ça arrive souvent ». Leurs agresseurs ? « Des jeunes délinquants de Kawéni, mais parfois, ils arrivent d’autres villages. C’est pour sécuriser quand on monte et quand on descend du bus que nous demandons que les policiers soient là à ces moments là. Et dès fois quand ils arrivent, ils ne font rien, ils restent dans leurs voitures. »
Comme hier jeudi, ils avaient quitté le Lycée polyvalent à Kawéni ce vendredi matin pour une marche vers Mamoudzou, entourés des policiers. Mais à l’approche de la place de la République, ces derniers ont reçu des projectiles, des pierres, et ont riposté avec des grenades lacrymogènes. Mettant au sens propre et figuré, le feu aux poudres. Côté lycéens, certaines versaient dans l’hystérie, et de l’autre, l’énervement et le mode d’expression des policiers correspondaient plus à un public de délinquants que de scolaires. Ces derniers se défendaient de toute action agressive, « nous n’avons pas jeté de cailloux, ce sont des personnes extérieures qui l’ont fait ». Les policiers ont procédé à des interpellations, ce qui devrait permettre de déterminer les auteurs des violences, mais cela rajoutait encore à la tension.
Plusieurs malaises également chez les lycéens à la suite de l’inhalation de gaz lacrymogènes, dont un jeune asthmatique qui était quelques minutes après pris en charge par les pompiers appelés par la police nationale.
En dehors de quelques crises d’hystérie, la majorité des jeunes étaient plutôt posée, qui tentaient d’ailleurs de clamer les plus agités. Pareil du côté de la police où l’on tentait les échanges posés, ce qui faisait baisser la tension d’un cran. Il serait bon comme c’était le cas il y a quelques années avec le duo Chamassi-Mogné Mali, d’avoir un gradé local en première ligne de discussion, capable de comprendre ce qui s’échange en shimaore entre lycéens. Cela éviterait bien des incompréhensions.
A.P-L.
Visiblement les huiles de la préfecture n’ont pas encore compris à quel point la société Mahoraise est assise sur une poudrière… « 200 familles connues pour leurs faits de grosse délinquances » selon le préfet, et lors d’une manifestation, la police n’est pas capable de quadriller sur 300 mètres à la ronde, pour prévenir des débordements dont on est sur qu’ils risquent de se produire.
Soit c’est une mauvaise analyse, ou bien la stratégie adoptée est celle du pourrissement. Ce n’est plus incompréhensible, cela devient tout simplement douteux. Encore une fois, un fossé creuse entre la population (et l’opinion publique qui en émane), et les garants de l’ordre public.