Si nous n’écoutions que d’une oreille distraite les échos de la Conférence des présidents des Régions Ultrapériphériques (RUP) de l’Europe, il va falloir la tendre désormais. Car Mayotte en a pris la présidence depuis le 7 février. Au lendemain de la 24ème Conférence, qui s’est tenue à Saint-Martin, territoire qui vient de passer le relais de la présidence.
Si dans la déclaration finale, les RUP s’engagent à un « dialogue constructif » avec les institutions européennes, quelques lignes plus loin, on constate que Mayotte et ses 8 comparses* devront être d’une grande vigilance, et comptent influence, « Unis, nous pesons cinq millions d’habitants, nous comptons plus que nous coûtons », a rappelé le Président de Saint-Martin, Daniel Gibbs.
Le document met en garde contre l’absence d’accord budgétaire sur la prochaine enveloppe 2021-2017, « ce qui affecterait la mobilisation des fonds européens », et sur le redéploiement des fonds européens vers de nouvelles priorités politiques, au risque que « cela s’opère au détriment de la politique de cohésion et de la politique agricole commune. » La politique de cohésion tend en effet à gommer les inégalités, un objectif difficilement atteignable si on applique à Mayotte ou la Guyane, territoires non encore structurés, les mêmes objectifs qui valent pour l’Allemagne ou Bruxelles. Dans cet esprit, les 9 RUP demandent le maintient du taux de cofinancement de 85% de la part de l’Europe, « afin d’assurer le développement économique, le progrès social et la poursuite de la convergence des RUP ». Des demandes inscrites dans les positions du Parlement européen.
Simplifications des dossiers européens
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Dans un contexte d’un indispensable développement régional, notamment à Mayotte en parallèle avec sa structuration, un outil est intéressant : l’Instrument de Voisinage, de développement et de coopération internationale (IVDC) en cohésion avec la Coopération Territoriale européenne (CTE), ce qui « favorisera la mise en œuvre d’une véritable politique d’insertion régionale ».
Des efforts de simplifications administratives sont menées depuis quelques années par Bruxelles, et sont encouragés, « dans l’objectif d’un mise en œuvre plus efficace des programmes ».
Un chapitre est consacré aux problèmes posés par les flux migratoires, et sur « leurs conséquences sur les politiques publiques et la gestion du nombre important de mineurs non accompagnés », sont concernés Mayotte, la Guyane, Saint-Martin et les Canaries, avec la demande d’un appui financier de l’UE.
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Enfin sur la transition verte, les RUP rappellent qu’ils permettent à l’Europe de bénéficier des « plus grands espaces naturels terrestres et marins », et qu’ils détiennent des solutions pour contribuer à atteindre ses objectifs de développement durable.
Des axes sur lesquels il ne faut pas mollir, Mayotte s’est engagée à les défendre, pour « préserver et renforcer nos acquis RUP » a résumé Mohamed Sidi, vice-président du Département en charge des affaires européennes.
Autre gros défi, l’organisation cette année de la XXVème Conférence des Présidents de ces régions à Mayotte.
A.P-L.
* RUP : La Réunion, Mayotte, Martinique, Guadeloupe, Guyane, Saint-Martin, Canaries (Espagne), Madère et Açores (Portugal)