Qui a dit que le privé ne se mouillait pas ? Sous une pluie battante, la manifestation contre la réforme des retraites (qui avait pourtant commencé sous le soleil) a pour une fois montré un visage d’unité. En effet le mouvement était jusqu’alors porté principalement par le personnel de l’Education nationale à Mayotte, enseignants en tête. Il en résultait des rassemblements épars, bien loin des manifestations des autres départements.
Ce jeudi, les syndicats ont réussi à fédérer aussi le secteur privé, lui aussi concerné par la réforme mais souvent moins mobilisé.
L’intersyndicale s’est donc mise en marche avec pas moins de 300 à 400 manifestants, de quoi créer une vague rouge sur la route nationale, qui s’est déplacée du rond-point Passot au rond-point SFR.
« Nous avons mobilisé nos camarades FO du secteur privé » confirme El Anzize Hamidou, secrétaire départemental FO qui réclame « l’égalité républicaine », notamment sur les allocations familiales et chômage, et les retraites.
Sur ce dernier point qui rassemblait tous les manifestants, Bruno Desiles, secrétaire de la CGT Educ’Action est clair : « l’objectif, c’est le retrait de cette réforme des retraites qui nous semble absurde. Les débats à l’Assemblée nationale mettent en évidence qu’on veut détruire notre système actuel. On remet en cause la solidarité qui existe entre ceux qui sont à la retraite et les actifs. On voit bien qu’ils veulent faire des cadeaux aux plus riches : on va pouvoir rallonger la durée de cotisation, il va falloir partir plus tard en touchant une pension plus faible. Pour certains ça sera l’obligation de prendre une assurance. Certains font déjà des propositions pour financer nos retraites plus tard, ça va dans le mauvais sens. Ces milliards que représente le système de retraite, on va en donner une partie en gestion aux grands groupes. »
Au niveau local, il ne se montre guère plus rassuré. « A Mayotte le plan de rattrapage est totalement inexistant, les moyens pour la rentrée 2020, c’est une catastrophe annoncée, on a une baisse d’effectifs au prorata du nombre d’élèves. Rien de bon, on va demander aux enseignants de faire de la garderie. »
Les syndicalistes attendaient donc la rencontre avec le recteur Gilles Halbout pour en savoir plus sur les engagements du gouvernement évoqués dans le Journal de Mayotte ce jeudi. Mais avec prudence.
« Les engagements n’engagent que ceux qui y croient », prévient Rivo Rakotondravelo, du Snuipp. Sur la retraite, « tant que ça bouge au niveau national, nous bougerons. Au niveau local, je n’ai pas senti quelque chose qui aille dans le bon sens. » Sur les annonces à venir du recteur, « il y a des précisions à obtenir. »
Y.D.