Reboisement : « La forêt semi-sèche  n’existe plus que sous l’état de reliques »

Le Conservatoire du littoral fait le point sur les actions de reboisement en cours pour plus d'un million d'euros de financements Etat et Européens, mais qui ne parviennent hélas pas à suivre le rythme effréné des défrichages sauvages.

1
304
Les plants prêts à participer au reboisement (©Conservatoire Littoral)

En 2020, le Conservatoire du littoral poursuit sa mission de reconquête des forêts littorales patrimoniales mahoraises.

A Saziley, 10.000 plants indigènes de la forêt semi-sèche de Mayotte seront introduits d’ici 2021, dont 2.000 plantés en janvier 2020 sur le site, afin de contribuer à réhabiliter cet écosystème fragile et menacé.

Des écosystèmes d’importance majeure protégés mais menacés par l’érosion de la frange littorale et la conversion grandissante des surfaces forestières en parcelles agricoles par des pratiques destructrices des sols et des habitats naturels, rapporte sa directrice Cris Kordjee.

« Les forêts littorales, telles que la forêt semi-sèche, constituent des habitats naturels d’importance pour le territoire et notamment le littoral de Mayotte. La valeur écologique de ces formations végétales est en effet remarquable par la diversité des espèces, souvent rares et menacées, qu’elles accueillent ainsi que par les nombreux services écosystémiques rendus : maintien des sols, protection des nappes phréatiques, des côtes et de la mangrove. Occupant autrefois la majeure partie du littoral mahorais, la forêt semi-sèche naturelle n’existe plus aujourd’hui que sous l’état de reliques couvrant une surface estimée à moins de 200 ha situées essentiellement sur des sites naturels appartenant au Conservatoire du littoral, notamment sur le site des pointes et plages de Saziley-Charifou. »

Afin d’améliorer la qualité écologique de ses sites, le Conservatoire y mène des opérations de reboisement en espèces indigènes.

Éradication du choka vert

Les premières expérimentations de reboisement ont été menées dans le cadre de la Stratégie nationale pour la biodiversité (2011-2020), d’un coût total de 432.500€ cofinancés par l’Etat. Une vingtaine d’espèces différentes ont été produites et plantées sur certains sites du Conservatoire :

– Lac Dziani : 6 000 plants (22 espèces) en 2015

– La Vigie : 4 000 plants (8 espèces) en 2019

– Moya : 800 plants (14 espèces) en 2017

Les enseignements tirés de cette première expérience:

– une première structuration et sensibilisation de la filière et des autorités publiques.

– des données et connaissances acquises permettant d’améliorer l’approche stratégique de la restauration écologique sur ces milieux : périodes propices aux récoltes, guide d’itinéraires technique de production de plants indigènes, espèces optimales pour la restauration, etc.

Les padzas, cauchemars post déboisement de la forêt qui ne fixent pas l’eau

Des ambitions plus grandes sont portées à Saziley pour reconquérir progressivement les habitats et restaurer leurs fonctionnalités écologiques.

Coût total du projet : 585 000 € financés par l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB), le FEADER, la DEAL, la DAAF et le Conservatoire du littoral :

– Lutte contre les espèces exotiques envahissantes sur 19 ha

– Introduction de 10 000 plants indigènes

– Formation à la reconnaissance et à la lutte contre les espèces exotiques envahissantes au profit des exploitants agricoles conventionnés avec le Conservatoire, les gestionnaires et acteurs associatifs

« La restauration écologique constitue un enjeu majeur pour les années à venir au vu de la dégradation rapide de ces écosystèmes sur le territoire de Mayotte et face à l’impuissance des acteurs publics à stopper la pratique massive d’une agriculture sauvage et incontrôlée (brûlis, défrichement, coupe…). »

1 COMMENTAIRE

  1. Il y a comme un paradoxe. D’un côté il y a les jeunes agriculteurs qui cherchent de terrains à louer et de l’autre il y a des terrains littoraux exploités « sauvagement » par des sans papiers. Pourquoi ne pas les mettre à la disposition des jeunes agriculteurs formés et patentés mais en manque de terrains, moyennant le respect d’un cahier de charge, pour qu’ils fassent de l’agroforesterie (ce qu’on appelle le jardin mahorais) comme faisaient nos anciens, où on plante plusieurs variétés de plantes qui se soutiennent et se protègent mutuelles des maladies tout évitant l’érosion?

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here