Ce sont 492 séismes de magnitude supérieure à 1 qui ont été détectés entre le 1er et le 15 février, soit plus de 30 par jour en moyenne. De nouveaux personnels ont été recrutés « dans le cadre de la pérennisation du REVOSIMA », et dédiés au dépouillement sismique. Ce qui a permis d’abaisser la magnitude minimale des séismes identifiés : « Il est désormais possible de mieux identifier les séismes de plus petites magnitudes, inférieures à 1,5, ce qui explique l’augmentation du nombre total de séismes identifiés par rapport aux mois précédents », nous apprend la 14ème édition du bulletin du REVOSIMA, édité par l’Institut Physique du Globe de Paris et le Bureau de Recherches géologiques et minières.
La hausse des enregistrements notamment sur la dernière quinzaine de janvier est remarquable, puisque « seulement » 297 séismes avaient été enregistrés, soit une baisse de 35% par rapport à la période précédent. Avec une explication : des pannes sur le réseau de sismomètres « RaspBerry Shake » avaient eu pour conséquence une augmentation du seuil des magnitudes.
Il y a donc retour à la normale du côté des enregistrements, avec un effort particulier sur les analyses.
Ralentissement des déplacements
L’activité sismique principale est toujours concentrée à 5-15km de Petite Terre, à des profondeurs de 20-47 km. Et une seconde sismicité est toujours enregistrée à 5km à l’Est de Petite Terre, voire sous l’île. Un séisme a été reporté comme ressenti, le 12 février à 16h55 (M 3,2). L’éruption sous-marine en date du 20 août 2019, à 50-60 km à l’Est de Mayotte, est toujours en cours, avec sismicité et déformations associées.
Le REVOSIMA enregistre toujours des signaux sismiques de type très longue période VLP (très basse fréquence, entre 5 et 100 secondes) similaires notamment à l’événement enregistré le 11 novembre 2018 qui avait permis de renforcer l’hypothèse d’un phénomène volcanique en raison de la circulation de fluides traduite par ces ondes basses fréquences. Sur les 15 premiers jours de février, 6 VLP ont ainsi été enregistrés. Ils sont donc habituellement le signe de résonances et des mouvements de fluide, qu’il soit magmatique ou hydrothermal.
Les déplacements de l’île mesurés depuis le début de la crise par les stations GPS de Mayotte indiquent toujours un mouvement d’ensemble des stations GPS de Mayotte vers l’Est, de 20 à 22 cm, et un affaissement (subsidence) de 9 à 16 cm d’Ouest en Est. Ils pourraient être liés à la vidange d’un réservoir magmatique profond à l’Est de Mayotte. Toutefois, « un ralentissement des déplacements est observé depuis avril-mai 2019. »
La confrontation de l’ensemble de ces données, incite les scientifiques à s’interroger de nouveau sur la nature des fluides magmatiques en circulation, « il n’est pas certain que ces transferts (de fluide) soient associés à une émission de lave sous-marine ».
A. P-L.