Faute de reconnaissance du secteur culturel à Mayotte, le collectif Les Arts Confondus défend les intérêts des professionnels du spectacle, « qui participent au développement économique et social, ainsi qu’à l’attractivité du 101ème département français ».
Face à l’ampleur de la crise du Coronavirus, les acteurs culturels à Mayotte sont touchés par l’annulation de leurs activités, ayant des conséquences économiques et sociales pour ce secteur en construction. Ce dernier, déjà fragilisé par l’absence d’équité en terme de régime social, de formation, de statut des professionnels des métiers de la culture, par rapport aux autres départements français, se voit, pour ces mêmes raisons, exclu d’une très grande partie des mesures d’aides dédiées aux entreprises et aux professionnels de la culture, annoncées au niveau national. De plus, ces aides ne tiennent pas compte des particularités du secteur culturel à Mayotte, mettant en danger leur existence.
Afin d’alerter les institutions et les collectivités, le collectif Les Arts Confondus a réalisé une enquête d’impact sur l’activité des acteurs culturels à Mayotte, portant sur la période concernée par les annulations du 16 mars au 31 mai 2020. 21 structures du secteur privé et public ont répondu (hors secteur du livre et de la lecture pour lequel une enquête dédiée est en cours).
Le bilan est conséquent : Elles représentent 74 emplois, dont 49 permanents et 25 CDD qui ne pourront pas être conclu ou renouvelés (à noter que 5 structures envisagent d’avoir recours au chômage partiel – démarches en cours accompagnées par la CRESS). 3 098 heures d’ateliers artistiques ne pourront pas être réalisées, dont 1129 heures pourraient être reportées. Ces négociations ne peuvent avoir lieu actuellement, compte tenu de l’incertitude quant à la durée du confinement et à l’organisation des établissements scolaires et des structures d’accueil, à l’issue de cette période.
78 spectacles ou événements n’auront pas lieu (à Mayotte, en métropole et à l’étranger). Sur ce nombre, seulement 36 spectacles ou événements pourraient être reportés.
Accompagnement de la DAC, du rectorat et du CUFR…
1 108 heures de techniciens du spectacle non réalisées, dont seulement 250 heures pourraient être reportées (ces heures touchent quasi en majorité des petites entreprises prestataires de services ne bénéficiant pas du régime d’intermittence à Mayotte) 8 résidences ou laboratoires de création non effectuées dont 6 pourraient être reportées.
Le budget estimé pour ces activités artistiques non réalisées (incluant les recettes ou chiffre d’affaires) est de 314.412 € . Vient s’ajouter à cela une perte indirecte pour l’économie mahoraise, correspondant aux prestations extérieures (transport, restauration, hébergement…) prévues pour des entreprises hors champ culturel, qui est estimée au minimum à 94.800 €.
Dans ce contexte, le collectif souhaite que les institutions et les collectivités portent une attention particulière au secteur de la culture à Mayotte, pendant et après la crise.
La Direction des Affaires Culturelles de Mayotte, le Rectorat ainsi que le CUFR sont remerciées par le collectif pour leur intention à aller au delà de leur engagement, puisque les prestations non réalisées seront payées, mais « ces financements ne concernent qu’une partie des activités des structures culturelles, qui dépendent également d’autres financements de services de l’Etat et des collectivités. »
… en attendant celui du conseil départemental ?
« Le Conseil départemental a annoncé des aides exceptionnelles aux entreprises. Nous espérons que le secteur culturel ne sera pas oublié, d’autant que la plateforme dématérialisée pour les demandes de subventions annuelles vient tout juste d’ouvrir, retardant les attributions des financements annuels.
Enfin, le secteur privé qui participe également au financement des activités culturelles à Mayotte, est mis à mal dans cette crise sans précédent et il est à craindre qu’il ne pourra pas honorer les soutiens financiers ou les prestations prévues.
Dans ce contexte, le collectif Les Arts Confondus, souhaite que l’ensemble des institutions et collectivités se mobilise pour que les mesures de soutien « concernent l’ensemble des structures du secteur culturel de Mayotte ». De plus, le collectif demande des aides complémentaires pour répondre à la particularité de ce secteur à Mayotte « qui ne dispose pas d’une équité de droit et d’aucune feuille de route, pourtant indispensable à la construction d’un écosystème du secteur de la culture à Mayotte, dans laquelle les institutions en charge de la culture mais également de la jeunesse, doivent être structurées à la hauteur des enjeux de développement du territoire et d’émancipation de ses citoyens. »