Avec l’annulation des vols, des touristes mahorais coincés à Madagascar

"Mourir à Madagascar" ou "rentrer à Mayotte en kwassa" le choix n'est guère engageant pour Darouèche Attoumani, un Mahorais en vacances à Majunga qui vit un enfer depuis la fermeture des frontières. Ayant raté les vols de rapatriement, il est coincé là bas sans argent. La compagnie Ewa se dit démunie et dénonce "un peu de mauvaise foi".

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Un des anciens ATR-72 500 d'Ewa Air

Malchance ou manque de discernement ? Un groupe de trois amis partis de Mayotte pour Majunga est passé du paradis à l’enfer en quelques heures, et les vacances se sont transformées en parcours du combattant.

Darouèche Attoumani -ses deux amis veulent rester anonymes- raconte sa mésaventure.

« Ce qui s’est passé c’est qu’on est arrivés à Majunga le 9 mars, avec un retour prévu le 2 avril. Quand le président malgache a sorti son décret visant à fermer toutes les frontières, on s’est présentés à l’agence Ewa de Majunga le dimanche-même et on nous a fait comprendre que le retour était prévu à Diego le 19 mars. On a stoppé nos vacances et on a mis l’argent des vacances pour rallier au plus vite Diego et pouvoir être rapatriés.
On a pris le soin de passer à l’agence Ewa qui nous a confirmé qu’il fallait rejoindre Diego pour être rapatriés. Le lundi 16 on a pris nos billets, on devait faire une escale à Tana le mardi et repartir à Diego le 18. »
Mais arrivés à Diego, impossible d’embarquer, alors que les avions étaient, selon lui « à moitié vide ».

Une version totalement réfutée par la compagnie Ewa, que le touriste accuse de les avoir abandonnés là bas.

« Ce qu’il dit est complètement faux, se défent le directeur d’Ewa Air, Ayoub Ingar. C’est un monsieur qui est parti à Majunga et son retour était prévu le 2 avril. Quand il a appris que le 18 mars, on mettait 2 vols à Diego pour les rapatrier il a foncé de son propre gré. Mais on ne pouvait pas l’y embarquer, on a pris les clients qui étaient prévus de Diego et qui étaient en rade depuis 48h. »

Ayoub Ingar, directeur d’Ewa Air

Le départ de Diego ne concernait en effet pas les passagers de Majunga censés partir plus tard, et les vols étaient pleins assure la compagnie. Un malentendu serait à l’origine de cette situation. Mais les conséquences sont sérieuses. Alors que les trois amis tentaient d’embarquer depuis Diego, l’ambassade de France et la préfecture de Mayotte obtenaient du gouvernement malgache l’autorisation de faire décoller deux avions supplémentaires, de Majunga. « S’il était resté à Majunga il aurait pu rentrer avec le vol du samedi » note Ayoub Ingar, désabusé. Malheureusement pour eux, les trois compères sont revenus trop tard à Majunga pour embarquer. Et les avions, tenus par la fermeture programmée de l’aéroport, ne pouvaient les attendre. « il est arrivé après le départ des 2 vols et il est coincé là bas.

Une trentaine de passagers attendus sur ces vols n’ont pas embarqué précise le directeur. La plupart auraient rallié Mayotte par leurs propres moyens via La Réunion. D’autres assure Daroueche Attoumani, sont restés à Madagascar.

Maintenant on ne peut rien car l’aéroport est fermé » regrette Ayoub Ingar. Ce dernier déplore une forme de « mauvaise foi ». « Avant le départ de Mayotte on avait prévenu les passagers qu’ils partaient à leurs risques et périls car le bruit courait qu’ils pourraient ne pas rentrer. Certains ont renoncé à partir, d’autres non. »

Pas de quoi rassurer le vacancier qui voit ses économies fondre, et qui n’a pas pu rentrer et reprendre le travail ce lundi.

« Ce qu’on aurait souhaité c’est d’être rapatrié chez nous ou au moins pris en charge, on se retrouve dans la m… , même nos familles avec le confinement ont du mal à nous envoyer de l’argent. On se rationne en mangeant une fois par jour. Si on n’a pas de solution d’ici la fin de la semaine ça va être catastrophique. J’ai songé à prendre un kwassa, mais financièrement je n’ai même pas les moyens de payer la traversée pour retrouver mon chez-moi » soupire-t-il. Et la crise du coronavirus n’arrange rien. « On n’ose même pas sortir de l’hôtel pour aller au marché, on est condamné à mourir à Madagascar » conclut le passager.

Y.D.

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